Blog de chroniques de lectures variées et diverses :
Littérature - Polars/Thrillers - SFFF - Romances - BD....

lundi 29 avril 2019

Requiem pour une République



Auteur : Thomas Cantaloube
Editions : Gallimard
Collection : Série Noire



"Je connais bien la question algérienne. Je connais bien la police. Je ne veux pas être désobligeant avec vous, mais il y a des choses qui vous dépassent. L'intérêt supérieur du pays nécessite souvent que l'on passe certains événements, certaines personnes, par pertes et profits." Automne 1959. L'élimination d'un avocat algérien lié au FLN tourne au carnage. Toute sa famille est décimée. Antoine Carrega, ancien résistant corse qui a ses entrées dans le Milieu, Sirius Volkstrom, ancien collabo devenu exécuteur des basses oeuvres du Préfet Papon, et Luc Blanchard, jeune flic naïf, sont à la recherche de l'assassin. Une chasse à l'homme qui va mener ces trois individus aux convictions et aux intérêts radicalement opposés à se croiser et, bien malgré eux, à joindre leurs forces dans cette traque dont les enjeux profonds les dépassent.
Paru le 10 janvier 2019

Mon avis :

Lorsque je me suis inscrite aux explorateurs des polars sur lecteurs.com, j'ai fait ma petite sélection de 4 livres, des auteurs que je connaissais, des valeurs sûres pour moi. Requiem pour une République n'en faisait pas partie.... honnêtement c'est un livre vers lequel je ne me serais pas tournée ...
Quelle n'a pas été ma surprise de le recevoir ! Après un premier temps de déception, j'ai décidé de m'y plonger et bien m'en a pris parce que ce livre est fabuleux ! Un véritable coup de cœur !

Dès les premières lignes on est embarqué dans une histoire sordide mais haletante, ancrée dans une réalité de l'époque, les débuts de la Ve République dont l'auteur sonne déjà le glas avec un titre très orienté.

Paris, 1959, la France est en pleine guerre avec l'Algérie, De Gaulle est à la tête de l'Etat et Maurice Papon est le préfet de police de Paris. Ce dernier commandite l'assassinat d'un avocat algérien que l'on soupçonne d'être proche de FLN. Mais cette exécution ne passe pas comme prévue... le crime  est odieux et on tente de l'étouffer.

S'en suit une enquête absolument passionnante que l'on suit à travers trois personnages totalement disparates, chacun poursuit ses propres intérêts à savoir ce qui s'est réellement passé, à retrouver l’exécuteur qui s'est envolé...
Sirius Volkstrom, ancien collabo, l'homme de main de Maurice Papon,  manchot mais redoutable, dont la mission n'a pu aboutir, est maintenant considéré comme suspect.
Antoine Carrega, ancien résistant corse devenu truand, les mains pas tout à fait propres mais avec un code d'honneur chevillé au corps, se retrouve mêlé à l'histoire par amitié.
Quant au jeune flic bourré d'illusions  en charge de l'affaire, il va se révéler d'une grande ténacité.

Trois forts personnages dont la qualité première est d'être troubles, à la fois admirables par certains côtés mais aussi capables du pire. Aucun manichéisme chez eux, ils s'adaptent aux circonstances et tentent de s'en sortir.

Un réalisme, une maîtrise du propos et de l'intrigue, une histoire ancrée dans la réalité d'une époque, le racisme, la violence, les manigances politiques, la corruption, des dialogues criants de vérité... l'enquête est passionnante jusqu'à la toute fin.

Et puis il y a la découverte d'un épisode épouvantable de notre passé : La Nuit Oubliée - 17 octobre 1961, une répression policière d'une violence insoupçonnée sous la houlette d'hommes dont le nom résonne encore de nos jours... c'est profondément troublant...
J'avais découvert le métro Charonne à 15 ans avec les chansons de Renaud, Thierry Cantaloube m'aura ouvert les yeux sur un autre épisode peu glorieux dont on ne parle jamais.... mais sur lequel on peut entendre le témoignage du photographe Georges Azenstarck...

Je remercie Lecteurs.com et Les Editions Gallimard pour cette formidable lecture,
un livre que je relirai assurément !


Mon appréciation

dimanche 28 avril 2019

Cotton County




Auteur : Eleanor Henderson
Editions : Albin Michel
Collection : Terres d'Amérique



Cotton County, Géorgie, 1930. Elma Jesup, une jeune femme blanche, fille du métayer du domaine, met au monde deux jumeaux. L'un est blanc, l'autre mulâtre. Accusé de l'avoir violée, Genus Jackson, un ouvrier agricole noir, est aussitôt lynché par une foule haineuse avant que son corps ne soit traîné le long de la route qui mène au village le plus proche.

Malgré la suspicion de la communauté, Elma élève ses enfants de son mieux sous le toit de son père avec l'aide de Nan, une jeune domestique noire qu'elle considère comme sa soeur. Mais le récent drame a mis à mal des liens fragiles qui cachent bien des secrets. Jusqu'à faire éclater une vérité douloureuse qui va confronter chaque membre de la communauté à sa responsabilité dans la mort d'un homme et dans la division irrévocable d'une famille.

Alternant flashbacks et points de vue avec brio, Eleanor Henderson signe une grande épopée américaine qui conjugue l'intimité d'un drame et le foisonnement d'une fresque historique sur fond de Grande Dépression. Dans la grande tradition des romans du Sud, un récit puissant, servi par des personnages de chair et de sang et par une langue d'une infinie beauté.
Paru le 20 mars 2019

Mon avis :

Etat de Georgie 1930, Elma 17 ans, fille du métayer Juke Jesup donne naissance à deux jumeaux, l'un blanc l'autre noir. Dans cette contrée rude et sauvage, les hommes sont enclins à croire facilement tout et n'importe quoi et ces jumeaux-gémeaux vont déclencher une poussée de rage et de violence dont Genus Jackson, ouvrier agricole noir, coupable tout désigné, sera la victime.  Lynché, traîné sur des kilomètres en voiture, cible de balle, il devient le réceptacle de la haine des hommes.

Ce drame épouvantable va se ramifier tout au long du roman, hanter chaque personnage de culpabilité, de honte, de désespoir... Derrière se cachent des secrets de famille, des non-dits et des bassesses ...

Dans cette Amérique profonde, noirs et blancs vivent côte à côte et n'ont pas les mêmes droits, la ségrégation bat son plein, discrimination dans les soins, les lieux...  on sent dans ce livre cette espèce d'osmose à la fois troublante et hypocrite  où l'on a besoin les uns des autres, où l'on peut se désirer, s'aimer même mais  où les blancs restent toujours les maîtres ...

C'est dans ce contexte que grandissent  Elma et la jeune Nan, 14 ans, sa domestique noire.  Ketty la mère de Nan s'est chargée d'élever les deux fillettes. Ketty, figure féminine essentielle, qui même après sa mort pèse sur les vivants. N'est ce pas elle qui s'est occupée de Elma lorsque sa mère est morte en couches, n'est ce pas elle qui a mutilé sa propre fille dans un dérisoire effort de protection, la condamnant à un destin de douloureux silence....
Toutes deux ont grandi ensemble,  se liant par des liens bien plus fort qu'une amitié, elles se comprennent, se soutiennent envers et contre tous dans ce monde d'hommes qui ne les ménagent pas...

Mais ce n'est pas seulement l'histoire de ces deux jeunes femmes pourtant au centre du récit, c'est aussi celle de leurs pères, mères, amants, maris... et c'est celle de la Georgie des années 30, en pleine dépression où l'on constate un fort racisme et un regain de ku klux klan . L'histoire intime se mêle à l'Histoire du pays, on y croise Roosevelt, on y parle de la guerre, du trafic d'alcool, de l'industrie, de la médecine, ses recherches et ses découvertes....

La narration est superbe, j'ai adoré cette densité avec peu de dialogue, cette façon de raconter une histoire violente et douloureuse en s'arrêtant tour à tour sur chaque personnage, détaillant son enfance, ses pensées, son parcours, les rendant terriblement humains avec leur vécu, leur vilenie, leurs blessures,  et leurs forces.... il y a ceux à qui on s'attache, ceux qui nous heurtent, ceux qui nous dégoûtent et ceux qui nous émeuvent (dont le si délicat Olivier) .... . tant de destins brisés...
Personne ne sortira indemne de cette histoire...


Un petit mot pour la couverture parfaitement choisie, 
deux femmes, deux couleurs, deux destins liés envers et contre tous  et qui toutes deux tiennent cette calebasse dont l'arbre est si important dans le récit !



Un grand merci à Léa au Picabo River Book Club et aux Editions Albin Michel
pour cette superbe lecture...



Mon appréciation : 📚📚📚📚



vendredi 26 avril 2019

Série Kouplan - tome 2 : ça ne coûte rien de demander



Auteur : Sara Lövestam
Editions : Robert Laffont
Collection : La Bête Noire



" Si la police ne peut rien pour vous, n'hésitez pas à faire appel à moi. " Kouplan, détective sans-papiers.
Ça y est, l'autoproclamé " détective " Kouplan, immigré iranien à Stockholm, n'a plus un rond. Il en est réduit à collecter des canettes vides pour les revendre contre quelques pièces.
En fouillant dans les poubelles du quartier huppé de Lidingö, il croise le chemin de Jenny Svärd, conseillère municipale aux dents longues, dont il surprend la conversation : Jenny vient de se faire escroquer par son amante, qui a disparu dans la nature avec deux cent mille couronnes. Puisque ça ne coûte rien de demander, Kouplan saute sur l'occasion pour lui proposer ses services d'enquêteur...
Paru le 11 janvier 2018

Mon avis :

Un tome encore meilleur que le premier, un roman plus intime, plus abouti aussi. Une vraie réussite ! 

J'avais vraiment hâte de retrouver Kouplan après la révélation détonante de la fin du tome 1. Sa situation ne s'est pas améliorée, c'est en faisant les poubelles pour collecter des canettes à revendre pour survivre qu'il va rencontrer Jenny, une redoutable femme politique. Lorsqu'il comprend qu'elle a besoin d'aide, il va lui proposer ses services parce que ça ne coûte rien de demander... et contre toute attente, Jenny accepte. 

Elle le charge de retrouver Amanda, sa petite amie arnaqueuse qui s'est envolée avec une grosse somme lui appartenant. L'objectif est avant tout la vengeance, qu'importe l'argent. Comment supporter de s'être fait flouée de cette manière quand on est une femme de pouvoir, habituée à gérer et maîtriser toute situation...?

Tout comme dans le tome 1, l'enquête se fait avec les moyens du bord, c'est à dire le vieil ordinateur poussif, les réseaux sociaux, le porte à porte, la cahier d'écolier, des filatures et des coups de téléphone et toujours la crainte de se faire contrôler, de se faire expulser.... 

Lorsqu'il parvient, à force de patience et d'ingéniosité, à retrouver Amanda, rien ne va se passer comme prévu. C'est absolument génial parce que ni Kouplan, ni le lecteur ne savent plus sur quel pied danser, qui ment, qui a raison, qui a tord, qui est à blâmer....?
Le triangle Kouplan, Amanda, Jenny devient passionnant. Il y a tout un jeu particulièrement réussi sur les faux-semblants, sur la confiance, sur le mensonge mais aussi sur la liberté...
On découvre un Kouplan parfois naïf mais intelligent et toujours délicat et empathique. Il y a quelque chose de terriblement touchant chez lui, il n'ose pas vraiment s'imposer aux autres et il reste toujours d'une politesse extrême ce qui ne l'empêche nullement de porter un regard incisif voire sarcastique sur ce qui l'entoure.  Ses souvenirs s'invitent au fil des pages et peu à peu, sa jeunesse en Iran dans une famille aimante, son passé, ses décisions, ses choix intimes sont dévoilés et sa douloureuse situation ainsi que sa quête d'identité restent au premier plan. Quel personnage attachant qui tour à tour nous émeut ou nous fait sourire !

J'ai adoré cette histoire, sa profondeur, les thèmes abordés avec justesse, le regard humain de Kouplan, le récit enraciné dans la réalité crue de la Suède, son quotidien..

La fin est abrupte et dure, elle laisse présager une suite difficile pour notre héros !
Le tome 3 m'attend et je vais m'y plonger très vite !

Mon appréciation📚📚📚📚,

mercredi 24 avril 2019

Série Kouplan - tome 1 : Chacun sa vérité



Auteur : Sara Lövestam
Editions : Robert Laffont
Collection : La Bête Noire




" Si la police ne peut rien pour vous, n'hésitez pas à faire appel à moi. " Kouplan, détective sans-papiers. 
Depuis trois ans, Kouplan est en " situation irrégulière ". Sa demande d'asile a été rejetée par la Suède mais il ne peut rentrer dans son pays, l'Iran, sans risquer sa vie. Dans l'attente d'un avenir meilleur, il lui faut échapper à la vigilance quotidienne des autorités, tout en gagnant assez d'argent pour subvenir à ses besoins : ex-journaliste, il songe à poursuivre dans l'investigation. Un jour, il propose ses services sur Internet et une femme lui répond : sa fille de six ans a été enlevée. Cette enquête va le précipiter dans le Stockholm underground, ces recoins de la ville où les clandestins sont des proies faciles pour les criminels...
Premier volet de la tétralogie Kouplan, Chacun sa vérité a reçu le prix de l'Académie suédoise des auteurs de polars 2015.
Paru le 3 novembre 2016

Mon avis :

Une très bonne lecture dont le personnage principal est totalement atypique : un sans-papiers venu d'Iran en situation irrégulière  à Stockholm. Pour survivre, ce dernier vit de petits boulots et laisse des annonces comme détective privé sur internet.

Lorsque une femme fait appel à lui pour retrouver sa fille de six ans, il s'investit totalement dans cette première enquête mais très vite il comprend que quelque chose ne tourne pas rond. La mère refuse de signaler cette disparition à la police, elle cache des choses et sa fille n'a aucune existence officielle.
L'atmosphère devient très particulière, Kouplan doit démêler le vrai du faux, pointer les indices troubles, les incohérences. Il va devoir naviguer dans les quartiers mal famés de la ville et enquêter sans aucun moyen matériel ni aucune aide, avec la peur au ventre d'être contrôlé par la police. Il ne dispose que d'un vieil ordinateur récupéré dans les poubelles et en exerçant une filature à l'ancienne, de son sens de l'observation et de déduction.
Quelques chapitres sont consacrés à la fillette, ses sentiments, ses peurs devant tout ce qui lui arrive, c'est glauque et terrible...

La fin se dessine petit à petit par une foule d'indices qui entretiennent les soupçons, mais reconstruisent peu à peu la réalité brute, une fin très bien amenée grâce une enquête aboutie, utile... 

Outre l'enquête très intéressante, le roman est porté par le personnage singulier de Kouplan tellement dense, par sa situation particulière, par son histoire, ses expériences mais aussi par son intimité propre qu'il dévoile peu à peu...On perçoit au fil des pages, ses failles et ses mystères : mystère autour de son passé,  mystère autour de sa personne... un homme de 25 ans qu'on prend pour un gamin. Son frère aîné hante ses pensées. Celui-ci a disparu sans qu'il sache s'il est encore vivant et toutes les circonstances de cette disparition restent énigmatiques.
Un focus est dirigé sur la situation difficile des sans-papiers à travers le jeune homme, sur la débrouille pour trouver à se loger, à se nourrir, se fondre dans le paysage, sur l'espoir de pouvoir avoir ces fameux papiers, de reprendre une vie normale, vie pleine de possibles, de promesses ...

Puis les révélations finales totalement inattendue donnent une nouvelle profondeur au personnage .. c'est passionnant de repenser ensuite à toute l'histoire avec ce nouveau point de vue.

Une très bonne lecture originale et prenante, encore une belle découverte chez La Bête noire ! 


Mon appréciation📚📚📚📚


dimanche 14 avril 2019

Jeu blanc





Auteur : Richard Wagamese
Editions : Zoé et 10/18




Le poignant récit initiatique d'un garçon amérindien dans un Canada discriminatoire.

Cloîtré dans un centre de désintoxication, Saul Indian Horse a décidé de raconter son histoire : son enfance au cœur du Canada, rythmée par les légendes ojibwées, la récolte du riz et la pêche ; son exil à huit ans avec sa grand-mère, suite à un hiver particulièrement dur ; son adolescence, passée dans un internat où des Blancs se sont efforcés d'effacer en lui toute trace d'indianité. C'est pourtant au cœur de cet enfer que Saul trouve son salut, grâce au hockey sur glace. Joueur surdoué, il entame une carrière parmi les meilleurs du pays. Mais c'est sans compter le racisme qui règne dans le Canada des années 1970, même au sein du sport national.
Paru en broché le 7 septembre 2017
en poche le 3 janvier 2019

Mon avis

Un livre envoûtant, émouvant... Quelle superbe plume !
J'aime déjà tout particulièrement l'univers des indiens, cette osmose avec la nature, cette philosophie de vie. C'est donc avec un grand bonheur que je me suis plongée dans cette lecture.

Un récit, celui de Horse Indien, en centre de désintoxication, celui de sa vie morcelée...
Tout d'abord son enfance dans une famille déchirée entre la culture traditionnelle portée par une grand-mère incroyable (quel personnage !) et l'emprise des blancs que les parents ont plus ou moins acceptée. Il y a des passages magnifiques et douloureux sur le déchirement des familles, sur la disparition des enfants, sur les désaccords autour d'un corps lorsque les croyances et la culture se délitent... Dans ses souvenirs on sent déjà la perversion qui gangrène son peuple autour des parents, de la boisson...

Et puis c'est le temps de l'école.... effroyable, hors du temps, qui lave les cerveaux et les âmes...  Tant de moments d'une violence inouïe qui frappent d'autant plus qu'ils sont racontés dépouillés de toute emphase, de tout pathos, en toute simplicité... Je reste hantée par ces petites silhouettes juste esquissées qui ont disparues, victimes des pires sévices...

Dans toute cette noirceur, Saul se réfugie dans le sport, rédempteur, qui l'aide à oublier l'horreur et à s'oublier, à se surpasser, à donner sens à sa vie....
Quel tour de force magistral d'avoir su m'emporter sur un tel sujet qui se situe bien loin de mes intérêts personnels...je ne suis adepte d'aucun sport d'équipe, je ne regarde aucun match de quelque sport que ce soit et là....
J'ai aimé chaque ligne sur le hockey, cette façon de raconter la découverte, les sensations, les odeurs, l'adrénaline et cette faculté incroyable, l'intelligence du temps et de l'espace qui porte le sport au rang d'Art...Magnifiques lignes sur l'instinct, sur le dépassement de soi, sur l'accomplissement.... 
Mais très vite, Saul, malgré son indéniable talent, est confronté au racisme primaire, odieux.... inacceptable...

Coupé dans son élan, Saul va se perdre et chercher à se retrouver. Quelques belles rencontres l'aideront mais son cheminement intime sera long et douloureux, jusqu'à l'acceptation des non-dits ...  Quel personnage émouvant, terriblement émouvant et attachant !

J'ai adoré cette lecture dans toutes ses dimensions, le fonds, le deuil, l'appartenance, le racisme, les blessures d'enfance comme la forme, d'une poésie envoûtante, d'une élégance dans le propos, d'une justesse dans les sentiments qui offre des lignes d'une profonde beauté.


Merci au #PicaboRiverBookClub pour cette belle découverte, 
je me répète mais j'adore ce principe du poche du mois ♥

Mon appréciation📚📚📚📚

mercredi 10 avril 2019

Kill my mother, Tome 2 : Cousin Joseph







Auteur :  Jules Feiffer
Editions : Actes Sud
Collection : Actes Sud BD





Deuxième volet de la trilogie époustouflante de Jules Feiffer. Préquel à "Kill My Mother" où nous découvrirons qui a tué le détective honnête et patriote Sam Hannigan !
Paru le 9 janvier 2019


Mon avis :

Bon père de famille, l'inspecteur Sam Hannigan est un flic qui croit fermement à la grandeur de l'Amérique et à sa mission de la préserver.... Avec son collègue Neil à la morale élastique avec qui il travaille depuis 7 ans, ils ont traqué les "rouges", les trafiquants d'alcool, les petits voyous... 

C'est avec ferveur qu'il répond aux missions qu'un mystérieux Cousin Joseph lui donne, missions dont le but est de défendre les valeurs du pays, missions non officielles qui frôlent l'illégalité...

En pleine dépression, le pays est en proie à la grogne des travailleurs, à la montée d'un nationalisme obscurantiste. 
L'usine Knox emploie des ouvriers qui, emmenés par un syndicat offensif dont l'un des meneurs est un ami d'enfance de Sam,  commencent à se révolter contre les conditions de travail. A sa tête, le vieux Knox, homme d'affaires sans état d'âme, père d'une singulière jeune fille Valérie, se bat contre les menaces de grève planant sur l'entreprise.

Beaucoup de questions sont abordées : les juifs, le cinéma et sa liberté d'expression, l'Amérique bien pensante, les migrants, le racisme ordinaire, la lutte des classes, les gangsters....

L'atmosphère est violente, rude, il y a  manipulations, bagarres, chantages, meurtres... Sam va prendre peu à peu conscience des réalités mais n'est ce pas trop tard...

Des petits chapitres courts, un dessin épuré avec peu de décors, centrés sur des personnages charismatiques, sur leurs gestes, leurs expressions, une ambiance cinématographique, des couleurs sépia qui nous plongent directement dans une atmosphère vieux films policiers en noir et blancs, tous ces ingrédients servent parfaitement un scénario dense et bien ficelé.
Une vraie belle bande dessinée à l'esthétique très singulière qui nous parle d'une Amérique vacillante. C'est beau, c'est dramatique et c'est terriblement fascinant...
Je vais très vite me procurer l'autre tome de la série et attendre la sortie du prochain.

Merci à Lecteurs.com pour cette première chouette découverte ! 

Mon appréciation : 📚📚📚📚

planches :