Blog de chroniques de lectures variées et diverses :
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dimanche 25 avril 2021

Acacia 22

 




Auteur : Edgar Camacho
Editions : ça et là



Deux jeunes femmes emménagent dans le même immeuble de la ville de Mexico. Elles portent le même prénom, Susana, et sont toutes les deux confrontées à la difficulté de commencer leur vie d'adulte. Tout les rassemble, si ce n'est qu'elles vivent à cinquante années d'écart...
Paru le 16 avril 2021


Mon avis

Un très joli album plein de poésie, merci bulle noire pour la découverte !

Une histoire toute simple, deux jeunes femmes vont emménager en colocation à 50 ans d'intervalle dans le même appartement au 22 rue Acacia à Mexico pour démarrer une nouvelle vie, nouveau boulot et traverser quasiment la même solitude. Une histoire toute simple mais qui prend une dimension particulière grâce à un dessin particulièrement sensible et inventif qui navigue entre deux époques et fait le lien entre les deux Susana, tout autant émouvantes l'une que l'autre avec leur enthousiasme, leurs aspirations, leurs déconvenues, leur force. 

J'ai adoré les découpages d'image en multiples vignettes, les juxtapositions ou superpositions d'époques tantôt en fondu tantôt en sépia. Des détails émouvants pour mesurer le temps qui passe, le vide pour susciter le sentiment d'isolement, des gros plans sur un objet, un regard, un sourire.... c'est triste, c'est nostalgique, c'est la difficulté d'un quotidien qui ne correspond pas à ses rêves mais c'est malgré tout plein d'optimiste avec cette idée que les expériences de l'une peuvent servir à l'autre et c'est tout simplement beau ...

Une histoire qui se lit dans le texte mais encore plus dans les illustrations, une vraie réussite ! 

Sur mon échelle : 📚📚📚📚




vendredi 16 avril 2021

Le jeu de la dame





Auteur : Walter Tevis
Editions : Gallmeister
Traducteur : Jacques Mailhos





Kentucky, 1957. Après la mort de sa mère, Beth Harmon, huit ans, est placée dans un orphelinat où l'on donne aux enfants des "vitamines" censées les apaiser. Elle y fait la connaissance d'un vieux gardien passionné d'échecs qui lui en apprend les règles. Beth commence alors à gagner, trop vite, trop facilement. Dans son lit, la nuit, la jeune fille rejoue les parties en regardant le plafond où les pièces se bousculent à un rythme effréné. Plus rien n'arrêtera l'enfant prodige pour conquérir le monde des échecs et devenir une championne. Mais, si Beth prédit sans faute les mouvements sur l'échiquier, son obsession et son addiction la feront trébucher plus d'une fois dans la vie réelle.
Paru le 11 mars 2021

Mon avis :

Une fois n'est pas coutume, j'ai vu la série avant de lire le livre et je l'ai tellement aimée que je n'ai pu me défaire des images des acteurs et des scènes d'autant plus que l'adaptation a suivi scrupuleusement le roman. Il y a quelques variations minimes mais qui n'apportent absolument rien de plus à l'histoire...

Beth voit son monde s'écrouler lorsque sa mère meurt dans un accident de voiture, elle se retrouve dans un orphelinat où elle va, au détour d'un couloir, apprendre à jouer aux échecs avec le vieux M. Shaibel mais aussi apprendre la dépendance aux divers cachets proposés aux élèves pour les rendre dociles.
L'auteur nous dresse un très beau portrait de l'enfant à la femme forte et battante mais d'une grande solitude, inapte à s'intégrer et pleine de fragilités. 
Petit prodige qui mémorise, réfléchit, comprend de façon intuitive, Beth va construire toute son existence autour de ce don qui va l'aider à s'affirmer, à devenir indépendante mais qui va aussi l'empêcher de vivre une jeunesse insouciante. 
Toute jeune femme au milieu d'un monde d'hommes, elle va devoir se battre pour être reconnue à sa juste valeur, mais aussi contre ses dépendances destructrices.

Autant le dire de suite, je ne connais rien aux échecs, c'est un jeu qui ne m'intéresse pas particulièrement et pourtant  j'ai vibré à de nombreuses reprises parce que la tension et les enjeux  deviennent plus importants que le jeu lui-même.  L'auteur parvient à nous embarquer en construisant un vrai suspense autour de chaque partie et même au delà. 

Un livre que l'on dévore sans même s'en rendre compte.
L'aurais-je autant aimé si je n'avais pas vu la série avant ? Je ne sais vraiment pas, le fascinant regard de l'actrice m'a accompagnée au fil des pages et les mêmes émotions ont été ravivées chapitre après chapitre.

Lu dans le cadre du poche du mois du Picabo River Book Club, un chouette  concept !


Sur mon échelle : 📚📚📚📚

dimanche 11 avril 2021

Vies Volées - Buenos Aires Place de Mai


 

Scénario : Matz
Illustrations : Mayalen Goust
Editions : Rue de Sèvres




- Les parents, ce sont ceux qui mettent à manger sur la table, qui te racontent une histoire le soir avant de dormir ou te filent une baffe quand tu franchis les limites. Pas ceux qui te mettent au monde et t'abandonnent. 
- Je suis d'accord avec toi mais là, on parle d'enfants volés, de parents assassinés. Ce n'est quand même pas tout à fait la même chose qu' une adoption, non ?" 

De 1976 à 1983, la dictature militaire qui régit l'Argentine fait disparaître près de 30 000 opposants politiques, pour la plupart assassinés. Parmi eux, des jeunes femmes enceintes auxquelles leurs enfants seront arrachés à la naissance. Depuis 1977, leurs grands-mères recherchent ces 500 bébés volés...
Paru le 10 janvier 2018

Mon avis

J'ai adoré cet album... profond, intelligent, émouvant...
Qui n'a pas entendu parler des grands-mères et mères de la place de mai à Buenos Aires ? 40 ans de combats toujours d'actualité, un pan d'Histoire des dictatures vraiment terrible que l'auteur a choisi de raconter d'un point de vue inversé, ce ne sont pas ces femmes que l'ont va suivre, mais des enfants disparus.

 Mario et Santiago sont deux amis colocataires, deux tempéraments totalement différents, l'un sombre et réservé, l'autre solaire et désinvolte. L'actualité de la place de mai travaille l'un d'eux, lui donne des soupçons sur sa filiation,  et c'est en recherchant sa vérité que tout leur petit monde va voler en éclat.
Il est question du douloureux cheminement personnel, des hésitations, de la violence des révélations, de culpabilité, de paroles libérées, de désespoir mais aussi de reconstruction et d'espoir. C'est un album qui s'ancre dans une réalité dramatique parfois d'une grande cruauté mais qui ménage aussi de jolis  moments d'amour et d'amitié. 

Le dessin est superbe et il sert à merveille le propos. Avec très peu de décors, l'illustrateur a mis en avant les personnages très expressifs, leurs émotions... il y a des planches magnifiques.

Un bel album pour mesurer l'impact que ces histoires lointaines outre atlantique ont eu non seulement sur ces femmes éplorées et combatives mais aussi sur ces centaines d'enfants dont les vies ont été volées.

A lire absolument ! 

Sur mon échelle : 📚📚📚📚

vendredi 2 avril 2021

La voie de l'ennemi


 



Auteur : Tony Hillerman
Editions : Rivages
Traduction : Danièle et Pierre Bondil






Leaphorn rit et la chouette qui effectuait un second voyage au-dessus de la mesa fut prise de panique en l’entendant. Elle passa à sa hauteur et disparut dans les ténèbres. Rien ne cadrait. Tout était irrationnel. Mais pourquoi cette impression de temps qui presse, de danger ?
La voie de l’ennemi est la première enquête de Joe Leaphorn et le premier roman de Tony Hillerman.
Paru le 3 septembre 1990


Mon avis

Petit roman très court, à peine 216 pages, premier d'une série que j'avais envie de découvrir depuis bien longtemps.

J'ai beaucoup aimé cette lecture dépaysante qui nous plonge dans la culture navajo. Il faut bien avouer que l'entrée en matière n'est pas des plus simple, on est immergé immédiatement dans cette culture spécifique avec foison de notes de bas de pages, un lexique final assez conséquent, une entrée en matière compliquée mais vraiment  passionnante !
J'ai appris tellement de choses sur le mode de vie, de pensée des navajos. 

Mais le tableau d'une grande richesse sur les traditions de ce peuple fascinant ne fait pas oublier qu'il s'agit bien d'un polar avec une enquête simple et un peu courte (216 pages !) mais plutôt bien menée. Jo Leaphorn doit arrêter le jeune indien Horseman, recherché pour avoir poignardé un homme mais on le retrouve assassiné selon un rite bien particulier sur les terres anazasis, des terres hantées. On dit qu'un loup navajos a été vu dans les environs...

C'est surtout grâce à son ami anthropologue Bergen McKee qui travaille sur les sorciers, les légendes  navajos et qui a monté un campement dans la région que le lieutenant Leaphorn va mener à bien ses investigations. 

Des personnages singuliers, une nature aride et inhospitalière à la croisée de plusieurs états, des légendes et les coutumes indiennes au centre du récit, un roman alternant avec succès descriptions et péripéties, une chouette lecture distrayante et enrichissante !


Sur mon échelle : 📚📚📚