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dimanche 15 mars 2020

Ce qui nous tue





Auteur : Tom McAllister
Editions : Le Cherche Midi




L'Amérique est-elle condamnée à la bêtise, au machisme, à la paranoïa et au mensonge ?

Te rappelles-tu quand tout était simple ?
Anna Crawford, professeure d'anglais au lycée de Seldom Falls, Pennsylvanie, est virée pour insubordination. Mauvais timing. Dans la foulée, un étudiant pénètre dans les locaux et se livre à une tuerie de masse : 19 morts, 45 blessés. Un temps suspectée par le FBI, Anna est rapidement innocentée. Mais le mal est fait : elle a été montrée du doigt, sa vie, jetée en pâture aux foules, ne sera plus jamais la même.
Autour d'elle, elle voit un monde devenir fou, qui pour seules réponses à ce drame atroce propose davantage de médias et de caméras, toujours plus de hashtags, d'armes, de virilité triomphante et de lois absurdes.
L'Amérique est-elle condamnée à la bêtise, au machisme, à la paranoïa et au mensonge ? Avec cet anti-thriller, où l'humour noir se mêle à la colère, Tom McAllister nous offre un plaidoyer au vitriol pour la raison, à une époque où tout le monde semble devenir cinglé, sans que cela ne choque plus personne.
Paru le 6 février 2020


Mon avis :

Anne Craword est prof d'anglais au Lycée de Seldom Falls, ou plutôt était puisqu'elle d'être proprement remerciée.... Lorsqu'un lycéen déboule armé jusqu'aux dents et tire à tout va laissant derrière lui 19 morts et 45 blessés, c'est elle qui va de suite être soupçonnée d'avoir commandité le massacre.
Sa vie dorénavant brisée, Anna porte un regard acéré sur son pays, et va raconter l'année suivant ce profond traumatisme, mais va aussi remonter dans l'enfance pour faire revivre ses premières blessures. 
Raconter n'est peut être pas le mot adéquat  puisque le récit n'est pas une narration classique linéaire mais plutôt des fragments de vie, de réflexions, d'observations mis bout à bout donnant une vision désabusée sur la société américaine. 

Entre une liaison mal assumée et l'affection étouffante d'un frère, Anna distille sa solitude et son mal être et c'est avec un sens du sarcasme exacerbé, qu'elle décortique les réactions devant ces tueries pas si occasionnelles .... Son discours devient très vite un manifeste contre la violence devenue ordinaire, contre la culture des armes, contre les religions, contre les médias, contre les réseaux sociaux, contre les hommes... Le tableau qu'elle dresse est particulièrement sévère et fait mouche.

Quelques chapitres sur les victimes viennent étayer le roman, lui donnant une dimension plus tragique encore. Les chiffres deviennent silhouettes, prennent corps et témoignent d'un gâchis incommensurable.


Si j'ai été frappée par le ton incisif, parfois incroyablement détaché et percutant, et la construction du roman, j'ai eu un peu de mal à ne pas décrocher par moment, trop de plaidoyers, trop de démesure, un trait un peu trop appuyé  certainement....Il fallait être un auteur homme pour se permettre un tel réquisitoire par moment contre la gente masculine dans son ensemble.  
Mais il s'agit là d'une impression toute personnelle. 

Et pourtant, il y a eu nombre de phrases que j'ai eu envie de noter, des passages que j'ai trouvés terriblement "vrais". J'ai particulièrement aimé toute la relation chaotique entre le frère et la sœur, depuis l'enfance, relatée avec une incroyable justesse.


Un roman inégal pour moi, porté par une plume intelligente et saisissante, dont je garderai un souvenir vivace grâce au  partenariat avec le Picabo River Book Club

Un grand merci à Léa et aux Editions Le Cherche Midi


Mon appréciation : 📚📚📚