Blog de chroniques de lectures variées et diverses :
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mercredi 18 novembre 2020

Le professeur

 







Auteur : Charlotte Brontë
Editions : L'Archipel




Orphelin depuis l'enfance, William Crimsworth étudie dans la prestigieuse école d'Eton, grâce à l'aide financière de sa famille. À la fin de ses études, il rejoint son frère aîné Edward, qui mène carrière dans l'industrie. Mais les deux frères ne s'entendent pas : victime du caractère irascible d'Edward, William choisit de s'exiler en Belgique. Une nouvelle vie s'offre à lui dans un pensionnat pour garçons à Bruxelles, où il devient professeur d'anglais. Intègre et pragmatique, William est vite remarqué. On lui propose d'enseigner également dans le " pensionnat pour demoiselles ". Sous le charme de sa directrice, Mlle Reuter, il lui ouvre son cœur... et apprend qu'elle est sur le point de se marier. Mais lorsqu'il s'éprend par la suite de Frances Henri, la professeure de couture, c'est Mlle Reuter qui en prend ombrage. Et un matin, sans prévenir, William apprend que Mrs Henri a changé d'établissement...
Paru le 4 février 2015

Mon avis :

De Charlotte Brontë, je ne connaissais que Jane Eyre, un de mes livres préférés que j'ai lu et relu tant de fois... J'avais très envie de découvrir ses autres œuvres et pour se faire autant commencé par le premier publié.

En désaccord avec ses tantes et oncles, le narrateur William Crimsworth, un jeune aristocrate désargenté orphelin, n'a d'autre solution que de demander l'aide de son frère à la fin de ses études à Eton. Ce dernier, distant et froid lui concède un emploi industriel  mais guère plus... Leurs relations difficiles s'enveniment au fil du temps et c'est sur les conseils de l'étrange Hunsden que William donne sa démission et part s'installer en Belgique avec une lettre de recommandation en poche.

Les débuts sont difficiles mais il finit par être embauché en tant que professeur d'anglais dans une école de garçons. Sa rigueur et son sérieux vont lui permettre d'enseigner également dans le pensionnat de jeunes filles adjacent.
Le personnage est assez obtu malgré des qualités certaines, ses opinions sont tranchées et ses réflexions 
à l'emporte-pièce sur les Belges, les Français, sur les femmes, sur les protestants et les catholiques...etc...  le rendent antipathique au lecteur du XXIe siècle.
Pourtant j'ai suivi sans déplaisir tous ses déboires professionnels et sentimentaux, la plume de Charlotte Brontë se reconnaît et se savoure. J'aime beaucoup sa façon de décrire les personnages et leurs sentiments et l'on perçoit ses propres expériences d'enseignement à travers l'histoire de William.

Sans être au même niveau que le superbe "Jane Eyre", ce roman est une agréable lecture et je poursuivrai ma découverte des œuvres de l'auteur avec grand plaisir, "Shirley" et "Vilette" m'attendent sur mes étagères !

Mon appréciation : 📚📚📚

vendredi 13 novembre 2020

Jamais tu ne me quitteras

 






Auteur : Chevy Stevens
Editions : L'Archipel








Lindsey a refait sa vie sur une île proche de Vancouver. Voilà dix ans, la jeune femme avait pris la décision de fuir avec sa fillette un mari qui, sous une apparence d'homme idéal, lui faisait vivre l'enfer.
Aujourd'hui, Lindsey a la sensation d'être suivie et espionnée jusque chez elle – comme autrefois. Pour elle, ça ne fait aucun doute : Andrew, son ex-mari – sorti depuis peu de prison – veut se venger.
Andrew, lui, prétend qu'il a changé. Sincère repentance ou manipulation machiavélique ?
L'enfer recommence ! Et ses flammes vont tout dévaster...
Paru le 8 octobre 2020

Mon avis

Merci à Babelio et aux Editions de l'Archipel pour l'envoi de ce roman.
Cela faisait très longtemps que j'entendais parler de Chevy Stevens et cette masse critique a été l'occasion d'enfin découvrir l'auteur...

2016 dans la région de Vancouver,  Lindsey a reconstruit sa vie avec sa fille Sophie. Elle est à a tête d'une petite entreprise de nettoyage, participe à un groupe de soutien contre les violences domestiques et prend des cours de self-défense... parce que Lindsey a fui un mari violent quelques année auparavant. Celui-ci vient de sortir de prison et la jeune femme constate des phénomènes étranges autour d'elle, elle se sent surveillée, elle est persuadée que quelqu'un s'est introduit chez elle, des objets changent de place... Qui cela peut-il être sinon cet homme qui lui a fait vivre l'enfer ?
 .
L'angoisse s'installe et les souvenirs affleurent. En alternant le présent et les premières années de sa vie de couple, Lindsey raconte à la première personne, la rencontre, le bonheur, et peu à peu l'emprise, la violence, la peur et la solitude... Une première partie particulièrement bien construite qui décrit avec beaucoup de réalisme de quelle façon insidieuse les rapports entre eux se sont dégradés, l'alcool, la jalousie, la maltraitance psychologique, puis physique, l'impossibilité de parler à ses proches d'une vérité qu'elle est la seule à vivre... Lorsqu'elle se décide enfin à le quitter, elle est prête à tout pour lui échapper...
A cela s'ajoute le point de vue essentiel de Sophie qui n'a pas du tout le même ressenti que sa mère et qui a soif de connaître un père qui lui manque depuis longtemps. 

Dans une seconde partie, Lindsey se bat pour tenir à distance Andrew. Elle fait appel à la police et l'inspecteur Parker tente de l'aider au mieux. Mais l'homme est particulièrement intelligent.... 
Le suspense grandit, s'épaissit, l'auteur sème des indices, trouble le lecteur, change les perspectives... Entre l'effroi de la mère et les attentes de la fille, Andrew semble mener le jeu. 

Une très bonne lecture difficile à lâcher avec des personnages denses et attachants, une thématique abordée avec intelligence et sensibilité, une intrigue parfaitement maitrisée entre suspense et rebondissements jusqu'au dénouement vraiment réussi.  il me faut un autre roman de l'auteur !

Mon appréciation : 📚📚📚📚


mercredi 11 novembre 2020

Les Dynamiteurs

 






Auteur : Benjamin Whitmer
Editions : Gallmeister





1895. Le vice règne en maître à Denver, minée par la pauvreté et la violence. Sam et Cora, deux jeunes orphelins, s'occupent d'une bande d'enfants abandonnés et défendent farouchement leur “foyer” – une usine désaffectée – face aux clochards des alentours. Lors d'une de leurs attaques, un colosse défiguré apporte une aide inespérée aux enfants, au prix de graves blessures que Cora soigne de son mieux. Muet, l'homme-monstre ne communique que par des mots griffonnés sur un carnet. Sam, le seul qui sache lire, se rapproche de lui et se trouve ainsi embarqué dans le monde licencieux des bas-fonds. Expéditions punitives, lynchages et explosions précipitent l'adolescent dans l'univers honni des adultes, qui le fascine et le repousse à la fois. Au point de modifier sa nature profonde, et de l'éloigner insidieusement de Cora. Les Dynamiteurs est empli d'une tendresse inconditionnelle envers les laissés-pour-compte. Ce roman intense raconte la fin brutale de l'enfance dynamitée par la corruption du monde des adultes.
Paru le 3 septembre 2020

Mon avis :
Denver 1895, la vie est particulièrement difficile pour le jeune Sam. Orphelin, il tente de survivre dans une usine désaffectée avec Cora et d'autres enfants plus jeunes. Il faut se battre jour après jour pour garder son territoire, pour manger.... et se méfier de tous les Crânes de Nœud (les adultes) quels qu'ils soient, même le charismatique pasteur Tom qui œuvre pour leur venir en aide. 

Lorsque Goodnight, un géant muet à la gueule cassée parvient jusqu'à eux, blessé, Cora s'occupe de lui mais il n'apportera pas la sécurité escomptée, au contraire c'est le loup qui est entré dans la bergerie...
Sam se retrouve lié à lui, embauché par Cole son ami pour lire et transmettre les petits mots que Goodnight griffonne sur un carnet, sa seule façon de communiquer et il va les suivre partout, dans les bas-fonds, bars, bordels, tripots... Il devient le témoin direct d'une guerre de gangs qui dégénère, violente, sanglante, spectateur de nombreuses rixes, règlements de compte et exécutions.. Il abandonne jour après jour un peu plus de sa candeur et de son innocence, pris au piège des événements qui se succèdent irrémédiablement, alternant entre rejet et fascination de ce monde brutal. C'est un véritable engrenage et il n'y a pas de retour en arrière possible.

Benjamin Whitmer sait construire à merveille ses personnages. Sa galerie de portraits d'enfants est saisissante : Hope, Jimmy, Watson, Hiram, Lottie, Commodore, Ulysses, Fawn, Offie, Jefferson, Rena, tous ont une histoire, une particularité. Leur destin semble tout tracé malgré le dévouement de Cora pour les rassembler, les défendre.....Quel joli personnage que cette dernière ! Lumineuse, perspicace, dotée d'une faculté illimitée à accueillir, soigner, protéger. elle est le point d'ancrage vers lequel Sam revient toujours. Entre eux, le lien affectif/amoureux est très fort, les mots ne sont même pas nécessaires, il y a des silences étourdissants, des regards pénétrants, une connivence évidente...  Mais peu à peu le fossé se creuse, Sam bascule dans un monde qu'elle ne peut pas intégrer.

Comment ne pas s'arrêter sue la plume de l'auteur, c'est pour moi l'atout majeur du roman. Le contraste entre la noirceur du monde environnant et la narration à la première personne pleine de poésie d'un enfant qui reçoit la violence crue est remarquable.  Il raconte son histoire, son amour pour Cora, les morts des hommes, des femmes et des plus petits sans pathos aucun, mais les images employées, la simplicité toute nue donnent une force d'évocation parfois particulièrement émouvante.

Toute cette histoire s'ancre dans une réalité historique et géographique : description d'un Denver gangréné par le vice, celui des laissés-pour-compte du rêve américain, de la misère crasse, évocation de la lutte des ouvriers, dialogues réalistes. 
Le regard est pessimiste  et même résigné mais la relation complexe entre Sam et Goodnight, la solidarité entre les rejetés de la société  et surtout l'amour entre Sam et Cora illuminent le roman, lui rendent sa part d'humanité ! Magnifique ! 

Un grand merci au  Picabo River Book Club. et à Léa  sans oublier Myriam 
ainsi qu'aux Editions Gallmeister pour cette très belle lecture ! 

Mon appréciation : 📚📚📚📚

lundi 9 novembre 2020

Pertinax





Auteur : L. Azarii
Editions : Auto-édition


Maryland, 1715. Une jeune fille de la colonie, Melody Walker, est accusée de sorcellerie et d'hérésie. Thomas Dutourd est payé par plusieurs confessions pour la défendre pendant ce qui s'avère être un simulacre de procès : à Baltimore, où la cohabitation entre catholiques et protestants est de plus en plus compliquée, ce procès contre une quaker est la goutte de trop pour les minorités religieuses qui craignent les retentissements de cette affaire sur leur vie quotidienne. Thomas doit réussir à nager dans ces eaux troubles, entre intérêts personnels et mensonges coupables, pour trouver des alliés et assurer la survie de sa cliente... peu importe son prix.
Paru le 7 juillet 2020

Mon avis :

Je tiens tout d'abord à remercier l'auteur pour l'envoi de son roman, un roman fort intéressant qui m'a fait découvrir des aspects de l'histoire américaine.

Baltimore dans le Maryland 1715, le procès de Melody Walker s'ouvre. Accusée de sorcellerie et d'hérésie, cette jeune Quaker est défendue par Thomas Dutourd, un français de Louisiane. Ce procès s'avère très particulier puisque ce sont le Révérend Hartwood, l'abbé McCoy et le clerc Richard Drew qui ont engagé l'avocat. Protestant, Catholique et Quaker unis dans un même but a de quoi questionner.
Le procès de Salem et l'exécution de Mary Dyer restent vivaces pour tous et chaque confession craint les retombées possibles. Mais est-il possible de sauver Melody Walker ?

En prenant pour point de départ cette parution au tribunal, l'auteur nous plonge dans la complexité des rapports entre les différentes religions qui tentent de s'étendre dans les différents états américains. Les conflits entre Puritains et Catholiques se multiplient. Je ne connaissais pas du tout les Quakers (ou Amis) et c'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai découvert les aspects très libres et très modernes de ce courant de pensée. A ce propos, le prologue est particulièrement bienvenu, il donne les grandes lignes d'un contexte historique complexe.

Le procès est mouvementé, entre joutes oratoires, témoignages accablants pleins de superstitions, point de vue scientifique, intérêts de chacun, Thomas n'est pas sans se laisser mener par d'obscures volontés.... Le mystérieux Phoebus/Appolon tire les ficelles dans l'ombre... Dissimulation, perfidie, racisme, un brin de magie, tout concourt à rendre ce procès difficile et à entretenir le suspense.

La construction du roman est très intéressante, il y a des passages de narration mais aussi beaucoup de retranscriptions des heures du procès : discours, interrogatoires, plaidoyers... Cela rend la lecture vivante. Il faut aussi saluer le travail d'écriture de l'auteur, celle-ci colle parfaitement à l'époque choisie, tant par les tournures de phrases que par le vocabulaire, sans pour autant devenir indigeste.

Par delà le procès, émerge le personnage de Melody, lumineuse, moderne qui s'est confrontée à l'obscurantisme de son temps. Ses propres introspections, le récit des témoins, les impressions et découvertes de Thomas dessinent une figure féminine forte et attachante.

Mon gros bémol sera pour la fin que j'ai trouvée un peu trop mouvementée à mon goût et qui garde certains secrets qu'on aurait aimer comprendre. Mais peut-être qu'une "suite" est prévue. Ceci dit, je garde le sentiment d'une bonne lecture, intéressante à bien des égards.

Mon appréciation : 📚📚📚


dimanche 1 novembre 2020

La flèche du Scythe






Auteur : Sébastien Morgan
Editions : Auto-édité






IIIe siècle après JC, l'Empire Romain est assiégé de toute part. Chaque jour, les peuples barbares resserrent un peu plus leur étau. Des rumeurs font état d'une alliance possible entre les peuples goths autour du descendant d'Arminius, célèbre vainqueur des légions lors de la bataille de Teutobourg. Yares, un auxiliaire scythe est envoyé pour trouver et assassiner ce nouveau roi barbare. L'éclaireur pénètre dans la grande forêt alors que des forces surnaturelles s'éveillent...Fortement enraciné dans l'Histoire et les mentalités de l'époque, la Flèche du Scythe est un roman d'aventure plein de fantastique et de sorcellerie. Il plaira tant aux amateurs de l'Empire Romain qu'aux inconditionnels des sagas fantasy.
Paru le 12 novembre 2016

Mon avis

Lorsque j'ai postulé sur Simplement pro pour ce roman, j'avais été attirée par la promesse d'un mélange de récit historique et fantastique mais je ne m'attendais pas à aimer autant ! Une lecture captivante, à la fois ancrée dans une époque précise mais pleine de magie, de légendes et d'aventures.

Au moment où Yares, auxiliaire scythe, élimine d'une seule flèche le jeune garçon destiné à unir les clans goths contre l'Empire Romain qu'il défend, il ne soupçonne pas les conséquences directes qui impacteront sa vie. La sorcière Alara, la mère du défunt n'aura de cesse de se venger et fera appel dans cette entreprise aux forces obscures....
Dès lors, Yares, sa femme et son fils à naitre seront constamment en danger.

Le roman, extrêmement rythmé va nous plonger dans le quotidien d'un soldat de l'armée romaine, loin de sa famille, uni à ses frères d'armes dans un souci constant de défendre l'Empire. Son origine scythe reste un handicap pour la reconnaissance de sa bravoure et sa valeur mais sa loyauté reste intacte. C'est un personnage charismatique qui suscite admiration et jalousie...
Autour de lui gravitent plusieurs personnages clés : son bras droit Lipoxaïs,  son fils Mercurius, le puissant Gaius Tarquini, le centurion Decarius, Faustus Tarquini, le mystérieux Lailoken.... etc... Tous jouent un rôle important dans la succession des événements qui entraînent Yares vers une confrontation inévitable....
Outre l'intrigue principale, le sort de Mercurius, son jeune fils prend une densité particulière. Ses amours impossibles déchainent la colère d'un puissant patricien qui a tout pouvoir pour le persécuter....

Faits d'armes, batailles, manigances personnelles, enjeux politiques, vengeance, trahison, l'auteur ménage moults rebondissements, renouvelant constamment l'intérêt en ajoutant magie, légendes, personnages fabuleux - le passage avec les griffons est juste passionnant. Le mélange entre précision historique (chapitres appelées chants, citations en exergue, souci du détail)  et éléments fantastiques est parfaitement maitrisé et donne tout son sel au récit. 

Un récit d'hommes avant tout, Alara reste le personnage féminin prépondérant et pourtant l'un des passages les plus marquants à mon sens met en lumière la grandeur d'âme et l'abnégation de la femme de Gauis Tarquini... bouleversant...

Une fin choc inattendue, des questions en suspens, des personnages qui gardent leur mystère.... je n'ai qu'une hâte, c'est poursuivre la lecture de cette série particulièrement bien nommée "Chroniques merveilleuses"

Un grand merci à l'auteur pour sa confiance et sa compréhension et pour cette si chouette découverte ! 

Mon appréciation : 📚📚📚📚