Blog de chroniques de lectures variées et diverses :
Littérature - Polars/Thrillers - SFFF - Romances - BD....

jeudi 31 août 2017

Je voyage seule



Auteur : Samuel Bjørk
Editions : France Loisirs


La Norvège tout entière est sous le choc : un promeneur a découvert dans la forêt une petite fille assassinée, pendue à un arbre avec une corde à sauter et portant autour du cou un panonceau où figure la mention : Je voyage seule. 
Chargée de l'affaire, le commissaire Holger Munch décide de s'assurer l'aide de son ancienne collègue, Mia Krüger, douée d'une intuition imparable. Il part la chercher sur l'île de Hitra où elle vit recluse. Ce qu'il ignore au sujet de Mia c'est qu'elle s'y est retranchée pour se suicider. Or, quand elle regarde les photos de la fillette, elle remarque un détail qui avait jusque-là échappé à tout le monde et comprend qu'il y aura d'autres victimes...
Paru en 2015




Mon avis :

Face à l'odieux crime commis sur une fillette, le commissaire Holger Munch va faire appel à Mia Kruger pour prendre l'affaire en main avec lui.
Tous deux ont un passé commun très douloureux et ne se sont pas revus depuis longtemps, chacun vivant avec ses démons.
Mia est une jeune femme que la mort de sa jumelle mène au bord du suicide, Holger est un homme blessé dont la vie privée est désastreuse. Mais entre eux subsiste un lien étroit, une connivence.

Pour faire face à cette nouvelle enquête éprouvante, toute l'équipe d'antan est reformée et c'est une véritable équipe de choc, professionnelle, redoutable  qui s'attelle à retrouver ce tueur monstrueux qui laisse sur son chemin des petites filles toujours du même âge..
Un petit nouveau se joint à eux : le hacker, un personnage savoureux qui va devoir faire sa place dans ce groupe reconstitué très soudé.

L'enquête est difficile, les pistes se multiplient, le lecteur est baladé sans jamais déceler la vérité (du moins pour ma part !) jusqu'à la fin.
Point d'orgue du récit : la scène où les journalistes d'un coup se trouvent face à une responsabilité écrasante. C'est un moment particulièrement intense et malheureusement je trouve qu'elle n'a pas assez été exploitée... ce sera mon petit bémol.

Un récit efficace, bien mené, des personnages denses et très attachants, une fin judicieuse, c'est avec grand plaisir que je retrouverai toute cette équipe dans le second tome Le Hibou.

Ma notation : 4,25/5 

mercredi 30 août 2017

Souviens-toi, il y a dix ans



Auteur : Susan Fox
Editions : J'ai Lu Pour Elle


Evan Kincaid en est convaincu, la meilleure chose qu'il ait faite dix ans plus tôt a été de quitter Caribou Crossing où il avait passé ses sombres années d'enfance. Jessica Bly était alors la seule à l'aider et à le comprendre. Mais leur amitié n'a pas survécu. Aujourd'hui, chacun mène la vie dont il a toujours rêvé. Evan, conseiller en placements à New York, brasse des millions. Jess, dans sa bourgade, travaille au ranch touristique le White Horse, au milieu des chevaux qu'elle adore. Elle a dans l'idée de créer son propre camp équestre. Evan se voit un jour confier par un client la mission de se rendre à Caribou Crossing, dans un ranch qui autrefois n'existait pas, le White Horse. Il doit y étudier en secret le projet d'une certaine T. J. Cousins. C'est vraiment à contrecœur qu'il quitte sa métropole chérie.
Paru le 6 avril 2016

Mon avis :

Une romance toute simple qui suit les codes du genre et qui tient son rôle d'évasion.

Deux amis d'enfance qui un jour poussent la relation plus loin, mais cela se termine mal.
Evan s'est comporté comme un véritable mufle (à mon avis, il est impardonnable et sans aucune circonstance atténuante !)
Dix ans plus tard, il arrive affichant sa réussite et son assurance...

Jess, quant à elle, est enfermée dans une vie plus difficile. Elle est divorcée d'un Dave charmant et gentleman avec qui elle garde des relations amicales mais elle a toujours les mêmes rêves plein la tête qu'elle n'a jamais pu concrétiser.

Sans surprise, leur nouvelle rencontre va susciter attirance, connivence mais aussi méfiance et réserves. Le rat des ville et le rat des champs vont se heurter, se tourner autour, se chercher, se bousculer... Qui fera le plus grand chemin vers l'autre ? Quels secrets dévastateurs seront dévoilés ?

Une petite romance sans prétention et sans grande surprise mais qui se lit vite et permet de passer un bon moment de détente.

Ma notation : 3,5/5

mardi 29 août 2017

Phobos tome 1



Auteur : Victor Dixen
Editions : Robert Laffont
Collection : R

Six prétendantes.
Six prétendants.
Six minutes pour se rencontrer.
L'éternité pour s'aimer.

Il veulent marquer l'Histoire avec un grand H.
Ils sont six filles et six garçons, dans les deux compartiments séparés d'un même vaisseau spatial. Ils ont six minutes chaque semaine pour se séduire et se choisir, sous l'oeil des caméras embarquées. Ils sont les prétendants du programme Genesis, l'émission de speed-dating la plus folle de l'Histoire, destinée à créer la première colonie humaine sur Mars.
Elle veut trouver l'amour avec un grand A.
Léonor, orpheline de dix-huit ans, est l'une des six élues. Elle a signé pour la gloire. Elle a signé pour l'amour. Elle a signé pour un aller sans retour...
Même si le rêve vire au cauchemar, il est trop tard pour regretter.
Paru le 11 juin 2015

Mon avis :

Voilà bien longtemps déjà que je vois ce livre partout, que je comprends qu'il soulève l'enthousiasme. Je n'en savais presque rien si ce n'est qu'il était question d'envoyer des jeunes dans l'espace et aussi de télé réalité. J'ai été intriguée par l'idée, séduite par la couverture et j'ai donc fini par succomber à ma curiosité....

Le narrateur est Léonore, elle est l'une des six prétendantes, personnage intéressant parce qu'elle reste un tant soi peu critique, insaisissable et d'un fort caractère. C'est la seule qui hésitera, la seule qui ne peut pas être hyptonisée, une sorte d'électron libre au milieu de tous...
Tout ce premier tome est le voyage de ces 12 prétendants vers mars afin de peupler ce nouveau territoire.

J'ai été en premier lieu déstabilisée parce que le double jeu des organisateurs est révélé dès le début et je me suis dit que ça allait un peu gâcher le suspense mais finalement c'est très intelligemment joué parce que la tension est du côté du lecteur qui sait en partie, qui frémit, qui est sur le qui-vive, ce qui rend l'histoire plus intense.

C'est le côté Télé réalité qui prend largement le dessus. Pendant ce voyage les speed-dating sont organisés et l'intérêt réside dans la découverte de tous les participants les uns après les autres, des liens qu'ils créent entre eux .
Il y a plusieurs points de vue, Léonore, les spectateurs, Séléna et les organisateurs, le personnage d'Alex très intéressant qui sera un formidable allier.... C'est vivant, très plaisant à lire et je n'ai eu aucun ennui même si j'ai largement préféré les scènes dans la capsules et entre les jeunes que les passages TV ou au sein de la salle des commandes.... on se laisse prendre à ces jeux de l'amour bien peu spontanés mais où les sentiments affleurent...

Formant une assemblée cosmopolite, chaque personnage dans la capsule a ses secrets, ses blessures qui l'ont amené à postuler pour une aventure aussi définitive... C'est intéressant de voir les réactions diverses, de voir s'instaurer des amitiés et plus encore. 
C'est peu à peu que chacun se dévoilent dans ce huis clos exposé.... On est d'ailleurs un peu comme au théâtre, une lieu fermé où tout se joue en direct devant des spectateurs et j'ai trouvé judicieux de remplacer les mots "chapitre" par "acte", on est tout à fait dans cette dimension de représentation avec en prime une part d'improvisation essentielle.

Il y a une véritable tension, des retournements de situation, des personnages variés, attachants pour certains et si je pensais (espérais) vraiment avoir plus de développements sur l'espace, je me suis malgré tout laisser prendre par le récit.
Un petit plus : j'ai bien aimé les schémas qui concrétisent tout le côté matériel de l'aventure ... ça donne une épaisseur à l'histoire, un côté réaliste même....

Une agréable lecture avec un beau suspense de fin qui appelle le tome 2...

Ma notation : 4/5

Le tricycle rouge



Auteur : Vincent Hauuy
Editions : Hugo Roman



Noah Wallace est un homme usé, l'ombre du brillant profileur qu'il était jusqu'à ce qu'un accident lui enlève à la fois sa femme et sa carrière. Mais une carte postale trouvée sur le lieu d'un crime atroce au Canada l'implique directement et le ramène à une série de meurtres commis cinq ans plus tôt. Dans le même temps, à New York, la journaliste-blogueuse Sophie Lavallée enquête sur un reporter disparu dans les années soixante-dix. Et si les deux affaires étaient liées par le même sombre secret ?
Paru le 18 mai 2017



Mon avis :

Un prologue très accrocheur et j'étais déjà ferrée...
En premier lieu, ce roman m'a beaucoup plu parce que j'ai adoré le personnage de Noah plein de fêlures, avec un passé douloureux. Il a laissé une part de lui dans l'accident de voiture qui a emporté sa femme : une part physique mais aussi une part de lui-même : amnésie, deuil de lui-même.
C'était un profileur redoutable, il a perdu ce côté affûté, logique mais s'est découvert depuis des fulgurances, des intuitions... l'homme rationnel est devenu un homme sensible,  très empathique....J'ai beaucoup aimé le côté don de Noah, cette faculté à percevoir, ressentir.... Cela donne une dimension particulière un peu surnaturelle.
Il a rencontré Rachel qui l'aide à se reconstruire, une femme splendide, un brin féline qu'il a du mal à accepter mériter.

Au début du roman, Noah travaille dans son usine mais son nom apparaît sur une scène de crime au Québec. Il y est donc envoyé et forme à nouveau équipe avec son ancien binôme Steve .
Il apparaît amoindri, sujet aux vertiges, avec des épisodes de grande faiblesse, il marche avec une canne, consomme de la Vicodine....(d'ailleurs on a droit à un petit clin d’œil au docteur House ... ), il a un suivi psychologique...
Les crimes odieux se succèdent  avec une débauche de sordide, une plongée dans l'horreur et très curieusement, il y a des messages dans les mises en scène qui s'adressent à lui.

Sur place, avec Steve, ils doivent travailler avec un binôme Québécois... l'homme Bernard semble extrêmement coincé et la fille Clémence étrange singulière.
On se jauge, se méfie, s'affronte, se teste mais on finit par travailler ensemble et même s'apprécier ... J'ai beaucoup aimé les Crisse, ostie.... jurons du cru savoureux qui jalonnent le texte.

En parallèle, Sophie, blogueuse au caractère affirmé se bat contre les préjugés,  et l'image qu'elle donne. Elle tient un blog d'investigation,  aidée par son ami Blake et va appeler son ex Benedict à la rescousse car elle est sur la piste d'un journaliste mystérieusement disparu et reçoit des renseignements énigmatiques...

Deux enquêtes qui s'entrecroisent et qui vont aussi replonger dans le passé de Noah, peu à peu l'effroyable est révélé et draine dans son sillon moult morts, les masques tombent, c'est diablement bien ficelé. Rien de simple, mais une kyrielle de pistes, d'éléments, le lecteur est parfois perdu et se laisse mener du début à la fin.
Je n'ai rien vu venir, ni les morts, ni les trahisons, ni les loyautés....

Des chapitres courts, alertes, un va-et-vient entre les deux pôles de l'histoire, tantôt Noah et les enquêteurs, tantôt Sophie submergée par une histoire qui la dépasse, tout ceci donne un rythme soutenu et un intérêt constamment éveillé, on bascule sur un autre chapitre à des moments cruciaux et le suspense est constamment entretenu.

Il y a beaucoup de noirceur dans ce livre, en plus des crimes sordides, il y est question aussi de maladie, de mort...
Et puis il y a la fin terrible où tout prend sens...

Outre cette enquête dense, j'ai particulièrement apprécié l'évolution des personnages, que ce soit Steve qu'on perçoit peu à peu, Bernard finalement très touchant ou Noah dans l'introspection, à la recherche de son moi.

Alors oui, l'histoire est hautement improbable, mais le scénario est parfaitement huilé, impénétrable, le suspense est quasi continu et surtout les personnages extrêmement attachants, je ne vais certainement pas bouder mon plaisir !

Pour finir, j'ajoute une mention particulière à tous les jeux sur les mots, les têtes de chapitre sibyllines qui m'ont plongée dans mon dictionnaire plus d'une fois.... Enrichissant !

J'espère vraiment que l'on retrouvera Noah dans d'autres enquêtes, ce personnage me semble encore plein d'avenir et de promesses ... et j'ai du mal à le quitter tout à fait...

Ma notation : 4,25/5


mercredi 9 août 2017

Pierre-Fendre


Auteur : Brice Tarvel
Editions : Les moutons électriques

On n’y entre pas plus qu’on n’en sort. On y naît, on y vit, puis on y meurt. Un monde clos de murailles infranchissables, chapeauté d’un éteignoir de grisaille. Certains ont l’illusion d’un nid somme toute douillet, d’autres ragent d’habiter une prison. Dulvan et son ami Garicorne appartiennent à ces derniers. Sans savoir ce qu’est vraiment le Grand Dehors, ils aspirent à en percer les mystères et rêvent d’une existence tout autre. Mais, pour ce faire, il convient de faire tomber l’enceinte géante, c’est-à-dire se rendre dans la salle-territoire de l’éternel hiver afin d’arracher la Sommeilleuse à ses songes. Comme le racontent les vieux récits, l’énigmatique endormie est-elle cependant bien une déesse dont les errances oniriques ont fait que le château et tout son contenu soient devenus réalité ?
Parce qu’elle ne peut supporter l’idée de perdre son frère, Aurjance quittera son cher royaume du printemps pour se lancer à la poursuite du jeune homme. Quant à Murgoche, la peu recommandable sorcière, elle n’entendra pas se laisser flouer par deux foutriquets.
A paraître le 24 août 2017

Mon avis :
Voilà un livre que j'attendais avec impatience avec son titre séduisant, son résumé accrocheur et une superbe couverture. C'est un très bel objet livre de qualité comme si souvent chez Les moutons électriques, une maison d'édition que j'ai découvert cette année pour mon plus grand bonheur.

Quel univers original ! Je ne suis pas une grande connaisseuse de la Fantasy mais quel plaisir que ce livre là! J'ai adoré ce monde enfermé de toute part entre des murailles infranchissables, 4 salles pour 4 saisons : Viridis le printemps, Chaloir l'été, Feuille-sèche l'automne et Pierre-fendre l'hiver et aucune véritable interaction entre ces quatre sections très différentes...

A Viridis, la vie est plutôt douce et facile mais Dulvan et Garicorne, deux jeunes gars amis et plus encore,  se sentent à l'étroit entre ces horizons bouchés, rêvent de grands espaces et de nouveauté et décident de partir pour dénicher cette Sommeilleuse dont on raconte que les rêves sont le ciment qui a façonné les murailles autour d'eux. La réveiller permettrait peut-être d'effacer le château en même temps que ses rêves et d'enfin apercevoir le Grand-Dehors si mystérieux, attirant et plein de tous les possibles...
Têtes brûlées, les voilà partis en douce à l'aventure sur leurs gonches à travers les salles pour atteindre cette créature légendaire.

Aurjance, la sœur de Dulvan,  ne peut s'empêcher de poursuivre son frère bien-aimé pour l'empêcher de commettre cette folie qui lui parait bien plus dangereuse qu'autre chose. Accompagnée de Farille, l'amie de toujours, elles partent sur ses traces sans traîner....

Quant à Murgoche, la sorcière de Viridis, c'est à son petit confort personnel qu'elle est attachée, il est hors de question qu'elle laisse ces deux écervelés bouleverser l'ordre établi et détruite son petit quotidien. Elle poursuivra elle aussi les jeunes garçons afin de les empêcher à tout prix de parvenir à leurs fin.
Elle se met en route affublée de Clabousse la gamine simplette et de Fauric le forgeron amoureux...

Trois équipées, trois chemins différents empruntés dans ce château qui devient véritable labyrinthe, on explore tous les possibles, les salles-saisons où les dangers sont nombreux : sables empoisonnés, pluie pénétrante et nocive, chaleur étouffante, humidité pourrissante.... etc.... mais aussi les souterrains du château, et le chemin de ronde où les surprises et les dangers les attendent. Les rencontres sont parfois périlleuses et toujours insolites : fouisseurs, taraudeurs, Acélains,.... .

On suit les 3 équipes tour à tour en alternance, viennent s'y ajouter moult personnages haut en couleur : Yulc Long Renard, Le baron de Champdocge, etc.....
Sur leur chemin, il y a des épreuves à surmonter, des pièges à déjouer, des péripéties qui se succèdent sans temps mort.
C'est drôle, surprenant, piquant, l'imagination débridée trouve ses points d'ancrage sur des éléments réels qui résonnent en nous, c'est très judicieux, il y a beaucoup de jolies trouvailles, de l'insolite à foison...

Et puis il y a une plume imagée, truculente, pleine de verve, qui invente, qui détourne, qui joue avec les mots, leur sonorité pour mon plus grand bonheur, une sorte de Rabelais contemporain qui rend la lecture jouissive... C'est intelligent, brillant, maîtrisé. J'ai adoré cette narration pittoresque.

C'est aussi une jolie fable sur la quête de liberté, sur l'envie de maîtriser sa vie et en comprendre le sens.... Mais l'homme peut-il vraiment contrôler son destin ?

Une excellente lecture vraiment, la découverte d'un auteur et d'une plume et l'envie de poursuivre l'exploration de cette maison d'édition à la ligne éditoriale de qualité.

Ma notation : 4,7/5

Le Jarwal


Auteur : Patricia Le Sausse
Editions : Editions du Riez



Basile n’a pas choisi la vie d’exclu qu’il vit à cause du métier de son père, bourreau dans le comté de Provence en cette année 1268. Il n’a pas voulu non plus devenir son apprenti. Quand il découvre qu’il possède le don de ressentir les émotions des gens qui l’entourent, de se les approprier et de les retourner contre ceux qui le méprisent, tout bascule.

Accusé de sorcellerie, poursuivi par un inquisiteur, agressé par des sentiments qui ne lui appartiennent pas, il doit fuir pour retrouver son clan. Tant qu’il n’aura pas réussi à maîtriser cette puissante empathie, il sera menacé.

À moins qu’il ne décide de l’exploiter pour dominer les autres en manipulant leurs émotions...
Paru le 17 mai 2016

Mon avis :
Une histoire qui nous plonge dans le XIII e siècle dans une famille. Gauvain le père est bourreau de son état, un métier qui met les siens à l'abri du besoin mais qui les met aussi au ban de la société...
J'ai trouvé absolument passionnant toute cette thématique autour de cette fonction si décriée, il y a tout un tas de détails qui éclairent le quotidien d'une famille qui ne vit pas tout à fait comme les autres.

Le portrait de Gauvain est saisissant, il incarne la force, la solidité mais Basile lorsqu'il se découvre ce don précieux et encombrant : ressentir les émotions des autres, va percevoir sous cette apparence les failles et les blessures de son père. C'est très émouvant de voir ce jeune homme découvrir vraiment son père...
Basile se voit imposer un apprentissage auquel il ne peut se soustraire... en tant que fils de bourreau tout autre métier lui est désormais fermé. Il est réticent, se rebelle mais son destin est inexorablement tracé.

C'est l'époque de l'Inquisition toute puissante, des exécutions rapides et Patricia Le Sausse nous le rappelle dans un récit plein de cruauté que le don de Basile va  mettre en exergue ....
Lors de son apprentissage, il va "vivre" sa première exécution à la place de la victime..... sentir l'exaltation de la foule enthousiaste devant le sang versé qui se retournera ensuite contre le bourreau qu'elle a encensé....  et tout va déraper... s'en suit moult péripéties.

J'ai beaucoup aimé ce mélange  de réalisme cru et cette pointe de fantastique. C'est très judicieusement dosé et le tout donne un éclairage très intéressant sur l'époque. En outre, le don de Basile permet de rendre le récit sensible et les personnages attachants, Gauvain et lui-même en premier lieu, mais aussi Amaury, Clotaire, Héloïse.....etc..., il y a de bien jolis portraits esquissés.

La narration est servie par un style travaillé et sensible, des détails justes et bien choisis, un vocabulaire adéquate, riche qui assure le dépaysement temporel.

Quelques bémols cependant : j'ai trouvé quelques longueurs parfois, non pas dans les descriptions mais dans le déroulement des scènes qui se prolongent parfois un peu trop à mon goût, et puis surtout j'ai trouvé la fin trop ramassée avec une multitude de révélations, certaines très judicieuses, d'autres qui m'ont paru un peu excessives....

Mais pour finir, malgré mes quelques réserves, j'ai beaucoup aimé ma lecture , le thème singulier, l'éclairage historique passionnant, la pointe de fantastique originale, les personnages denses et humains !

Une mention particulière à la superbe couverture qui a attiré mon attention sur ce livre !

Ma notation : 3,9/5


Séduite



Auteur : Amanda Quick
Editions : J'ai Lu pour Elle 


Lorsque Harriet a exigé que le vicomte St. Justin vienne régler une affaire pressante à Upper Biddleton, elle ne pensait pas voir débarquer un géant balafré qui terrifie tous ceux qui le croisent. Surnommé " la Bête ", il serait, paraît-il, un monstre lubrique soupçonné même d'assassinat ! Par chance, Harriet n'est pas impressionnable, et elle souhaite que Gideon l'aide à arrêter une bande de malfrats qui l'empêchent de se livrer à son activité préférée : la recherche de précieux fossiles. Mais quand tous deux se retrouvent prisonniers dans une grotte, elle réalise son imprudence. Car le charme déroutant de cet homme éveille en elle d'indicibles pulsions..
Paru le 29 avril 2017



Mon avis :
Un très chouette moment de lecture qui me rappelle que dans le genre Romance c'est à l'historique très largement que va ma préférence...

Ce livre ne serait pas aussi savoureux sans son héroïne qui sort des sentiers battus. Quel délicieux personnage ! Harriet est perspicace, passionnée, franche, directe, impulsive, sans aucun préjugés, elle n'a pas froid aux yeux et surtout elle est tellement décalée par rapport à la société polissée qui l'entoure... C'est avec bonheur qu'on la voit mettre régulièrement les pieds dans le plat, réagir à l'encontre de ce qui est attendu... Elle va se faire très rapidement, et sans calcul aucun, fervent défenseur de Gidéon soumis à l'opprobre unanime !

Gidéon, homme ténébreux au visage entaillé, retranché derrière une froideur infranchissable, semble indifférent aux folles rumeurs qui courent sur son compte, au surnom de "La bête". L'immense solitude de cet homme se trouve écornée par la présence de Harriet. Il est très largement agacé par ce caractère trempé mais fasciné par cette petite bonne femme étonnante qui ne finit pas de l'irriter, le bousculer, l'attirer, le séduire....

Entre eux, rien ne se passe de façon classique, pas de fausse pudeur, pas de vierge effarouchée, pas de cour empressée mais une nuit consentie, un mariage quasi obligé... mais les sentiments sont là, discrets, tenaces, s'épanouissant page après pages plus profondément. 

Plein de péripéties jalonnent le récit, parfois loufoques, il y a des malfaiteurs, des contrebandiers, du danger, une enquête, et j'ai adoré le regard toujours inattendu d'Harriet sur les faits, sur les gens, sa façon bien à elle de redéfinir les actes (son immense mansuétude vis à vis du kidnapping...) ou de réagir à une situation donnée (son amour des dents est incomparable...) Elle n'est jamais où on l'attend et m'a fait pouffer de rire à maintes reprises. Harriet, révoltée contre les injustices, avec son audace et son franc parler, va déterrer tous les secrets, toutes les vérités ...

Bref, vous l'aurez compris avec une héroïne originale et attachante, une narration alerte, de l'humour et une pincée de romantisme subtil, j'ai vraiment apprécié ma lecture.

Ma notation : 4,25/5

lundi 7 août 2017

Mille baisers pour un garçon



Auteur : Tillie Cole
Editions : Hachette


Poppy et Rune sont amoureux depuis qu'ils ont cinq ans.Un jour, la grand-mère de Poppy lui offre un bocal de mille cœurs en papier où noter ses meilleurs baisers. Poppy et Rune décident alors de s'embrasser mille fois, et plus encore. Cependant, avant que le bocal soit rempli, la famille de Rune déménage à l'autre bout de la Terre, et, sans explication, Poppy coupe subitement les ponts avec le garçon qu'elle aime plus que tout.C'est seulement à son retour, deux ans plus tard, que Rune apprend la raison du long silence de Poppy : elle a un cancer et ne voulait pas que Rune souffre inutilement en apprenant la nouvelle.Mais Rune, toujours amoureux, s'est juré de rendre Poppy heureuse, même s'il ne leur reste plus que quelques mois à vivre ensemble. Et de lui donner, juste avant sa mort, son millième baiser…
Paru le 26 octobre 2016




Mon avis :
Le roman d'un amour fou, plein de bons sentiments, de tristesse...... un peu trop pour moi certainement.... je suis restée vraiment hermétique à l'émotion prévue.

J'ai passé un bon moment avec ce livre, je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé au point de me forcer à le finir, mais tout m'a paru exagéré, cet amour fou, utopique (l'épilogue pour moi est tellement excessif, improbable...), le pathos qui n'a jamais réussi à m'émouvoir vraiment... tout reste en surface et sans subtilité, trop direct.

Pourtant j'ai trouvé cette idée de bocal et ses 1000 baisers très originale et très jolie, les personnages bien campés, une Poppy pleine d'abnégation et un Rune rebelle enfermé dans sa souffrance, tous deux pieds et poings liés par leur trop grande jeunesse. Cependant j'ai trouvé que le tout manquait un peu de réalisme, c'est un amour fou idéalisé et peu crédible à mes yeux.

Une histoire qui ne m'a pas touchée comme je m'y attendais, une histoire qui s'adresse certainement à des lecteurs bien plus jeunes que moi .

Ma notation : 3/5




Là où tu iras j'irai



Auteur : Marie Vareille
Editions : Fayard/Mazarine



Isabelle a 32 ans, un chihuahua nain prénommé Woody-Allen et une carrière d’actrice comparable à celle du Titanic : prometteuse en théorie, catastrophique en pratique. 
Le jour où elle refuse la demande en mariage de l’homme qu’elle aime, sous prétexte qu’elle ne veut pas d’enfant, elle se retrouve à la rue, avec pour toute fortune vingt-quatre euros sur son compte en banque. Elle est alors forcée d’accepter le seul travail qu’on lui propose : utiliser ses talents de comédienne pour séduire Jan Kozlowski, un jeune veuf sur le point de se remarier. 
La voilà donc partie en Italie, dans la maison de vacances de la richissime et déjantée famille Kozlowski. Seule ombre aux deux semaines de dolce vita qui se profilent : pour exécuter en toute discrétion sa mission « séduction », Isabelle devra jouer le rôle de l’irréprochable nanny anglaise de Nicolas, 8 ans, qui n’a pas prononcé un seul mot depuis la mort de sa mère cinq ans plus tôt. Isabelle est bien loin d’imaginer à quel point cette rencontre improbable avec ce petit garçon blessé par la vie va bouleverser sa vision du monde.
Paru le 15 mars 2017

Mon avis :

Voilà un vrai roman feel good qui m'a fait passer un bon moment de lecture !

Une histoire totalement improbable mais on se laisse facilement porter par la plume pétillante et sensible et par l'humour des situations.
Isabelle, lorsqu'elle accepte le marché de cette insupportable adolescente, joue le rôle de sa vie... actrice ratée,  vie sentimentale au bord du gouffre, elle n'a guère de choix et s'engouffre dans une histoire totalement incertaine et douteuse.

Ce que j'ai particulièrement aimé dans cette histoire c'est qu'on s'écarte vraiment du schéma classique attendu de la jeune femme qui succombe au richissime beau mâle, on s'éloigne des clichés pour un récit un peu plus subtil...

Son séjour au sein d'une famille dévastée va lui permettre de mettre sa propre vie en perspective, de prendre conscience de l'essentiel, de se trouver...
Il y a de très jolies scènes autour du petit Nicolas qui pallie l'absence de sa mère à sa façon, beaucoup d'émotions dans la façon d'aborder le deuil et la souffrance... Avec sa fougue et ses maladresses, Isabelle va bouleverser toute la maisonnée, poser le doigt sur les douleurs, alléger les solitudes.
Chaque personnage évolue, se dévoile, les masques tombent, les manigances sont mises à jour et la famille peu à peu se retrouve tandis que Isabelle, totalement infantile au début du roman, mûrit et prend enfin sa vie en main.

Une mention particulière à Quentin, véritable pilier de sagesse et de patience, un beau personnage solide et attachant !

Une fin rocambolesque complètement folle où des grands-mères slaloment sur des vespas oranges.... ce n'est vraiment pas mon passage préféré mais heureusement l'épilogue comble toutes nos attentes...

Pour moi, ce n'est pas le meilleur Marie Vareille mais c'est un roman qui se lit avec plaisir et qui contient quelques très jolis moments d'émotion.

Ma notation : 3,5/5