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jeudi 28 janvier 2021

Cent ans de Laurelfield

 





Auteur : Rebecca Makkai
Editions : Les Escales





1999 : Bienvenue à Laurelfield, vaste demeure du Midwest et partez à la rencontre de ses propriétaires ancestraux, les Devohr. Il y a Zee, une marxiste qui méprise la richesse de ses parents, tout en vivant dans leur maison avec son mari Doug ; sa mère Grace, qui prétend pouvoir tout savoir d'une personne en regardant ses dents ; et son beau-père Bruce, occupé à faire des réserves pour l'arrivée imminente de l'an 2000. Et puis il y a Violet, son arrière-grand-mère, qui se serait suicidée quelque part dans cette grande maison et dont le portrait est toujours accroché dans la salle à manger.
1955 : Grace et son mari violent George emménagent à Laurelfield. Rapidement, elle remarque des détails étranges qu'elle considère comme des présages d'événements à venir. Sa vie commence alors à changer...
1929 : Laurelfield est une colonie d'artistes hétéroclite et bohèmes où se retrouve la fine fleur de la création artistique de l'époque. Le petit groupe passe son temps entre poursuites artistiques et débauche sous les yeux du portrait de Violet Devhor, qui hanterait les lieux.
Paru le 14 janvier 2021

Mon avis :

Un livre original dans sa construction et pour le choix de son personnage principal, à savoir Laurelfield, un domaine du Midwest appartenant à la famille Devohr depuis des années. Au début du siècle, des artistes y ont séjourné et depuis la famille a repris possession du domaine qui bruisse de secrets....

L'auteur a créé une véritable unité de lieu,  tout se passe dans le domaine, on arpente maison, remise, grenier, tous les espaces sont investis au fil du temps, parce que si unité de lieu il y a, il en est tout autre pour le temps que l'on explore à rebours sur trois moments forts :

1999 : Zee et Doug sont venus s'installer dans la remise à voiture chez la mère de Zee, Grace remariée à Bruce. 
Zee très ambitieuse rêve de voir son mari décrocher un poste à l'université et sera prête à tout pour cela.
Doug a, quant à lui, beaucoup de mal à poursuivre son livre sur le poète Edwin Parfitt et il se perd dans des activités littéraires bien moins prestigieuses en cachette afin de gagner un peu d'argent. 
Lorsque le fils de Bruce vient à son tour s'installer dans la remise avec sa femme Miriam, une artiste que la maison inspire très vite, les deux couples doivent apprendre à cohabiter dans les parties communes et ce n'est pas toujours chose facile...
Cette première partie, la plus conséquente en nombre de pages, développe une atmosphère bien particulière entre la présence fantomatique de l'arrière grand-mère suicidée entre ces murs qui semble tout surveiller sur un grand portrait au regard insaisissable et la menace de cataclysme de l'an 2000 qui plane... Il y a un tas de mystères et d'interrogations qui sont soulevés sur le passé artistique du domaine, sur des trésors à découvrir dans un grenier dont l'accès est farouchement défendu par Grace.

1955 : Grace revient au domaine avec son mari Georges, alcoolique, violent, volage... 
Toute la colonie d'artistes a du partir sur décision de son père pour y loger cette fille mal mariée. Sa vie de couple y est difficile et le grenier sera son refuge.

1929 : La colonie d'artistes en là en résidence, s'adonne à la création mais aussi à divers excès et ne veut surtout pas être délogée, tous les moyens sont mis en œuvre pour infléchir la décision du propriétaire en visite avec sa fille Grace. 

Trois parties de plus en plus courtes en retournant dans le passé, comme un focus sur l'essentiel...

C'est une histoire tout en suggestions qui dévoilent peu à peu des secrets de famille cachés dans et sur les murs de Laurelfield, dans son grenier, son jardin, ses tiroirs mais sans plus d'explication, laissant le lecteur interpréter, comprendre, faire des liens. Faux semblants mensonges quiproquo... mais pas que, il y a aussi des détails insignifiants au présent qui prennent sens au passé et donnent envie de revenir feuilleter les premières pages à nouveau. 
De plus la maison semble se jouer de ses habitants, inspirant certains, rejetant d'autres, elle reste centrale et immuable, infléchissant les destins de ses divers occupants.

Réflexions sur le couple, sur l'ambition, sur l'identité, sur la sexualité, sur l'accomplissement de l'artiste, sur le réel et l'imaginaire, sur le pouvoir des évocations, c'est un livre d'une grande richesse remarquablement construit dont chaque détail est pensé, placé au cordeau pour laisser le lecteur relever, comprendre ou interpréter.

Une belle découverte que je dois à Babelio et aux éditions Les Escales

 
Mon appréciation :  📚📚📚


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