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mercredi 11 novembre 2020

Les Dynamiteurs

 






Auteur : Benjamin Whitmer
Editions : Gallmeister





1895. Le vice règne en maître à Denver, minée par la pauvreté et la violence. Sam et Cora, deux jeunes orphelins, s'occupent d'une bande d'enfants abandonnés et défendent farouchement leur “foyer” – une usine désaffectée – face aux clochards des alentours. Lors d'une de leurs attaques, un colosse défiguré apporte une aide inespérée aux enfants, au prix de graves blessures que Cora soigne de son mieux. Muet, l'homme-monstre ne communique que par des mots griffonnés sur un carnet. Sam, le seul qui sache lire, se rapproche de lui et se trouve ainsi embarqué dans le monde licencieux des bas-fonds. Expéditions punitives, lynchages et explosions précipitent l'adolescent dans l'univers honni des adultes, qui le fascine et le repousse à la fois. Au point de modifier sa nature profonde, et de l'éloigner insidieusement de Cora. Les Dynamiteurs est empli d'une tendresse inconditionnelle envers les laissés-pour-compte. Ce roman intense raconte la fin brutale de l'enfance dynamitée par la corruption du monde des adultes.
Paru le 3 septembre 2020

Mon avis :
Denver 1895, la vie est particulièrement difficile pour le jeune Sam. Orphelin, il tente de survivre dans une usine désaffectée avec Cora et d'autres enfants plus jeunes. Il faut se battre jour après jour pour garder son territoire, pour manger.... et se méfier de tous les Crânes de Nœud (les adultes) quels qu'ils soient, même le charismatique pasteur Tom qui œuvre pour leur venir en aide. 

Lorsque Goodnight, un géant muet à la gueule cassée parvient jusqu'à eux, blessé, Cora s'occupe de lui mais il n'apportera pas la sécurité escomptée, au contraire c'est le loup qui est entré dans la bergerie...
Sam se retrouve lié à lui, embauché par Cole son ami pour lire et transmettre les petits mots que Goodnight griffonne sur un carnet, sa seule façon de communiquer et il va les suivre partout, dans les bas-fonds, bars, bordels, tripots... Il devient le témoin direct d'une guerre de gangs qui dégénère, violente, sanglante, spectateur de nombreuses rixes, règlements de compte et exécutions.. Il abandonne jour après jour un peu plus de sa candeur et de son innocence, pris au piège des événements qui se succèdent irrémédiablement, alternant entre rejet et fascination de ce monde brutal. C'est un véritable engrenage et il n'y a pas de retour en arrière possible.

Benjamin Whitmer sait construire à merveille ses personnages. Sa galerie de portraits d'enfants est saisissante : Hope, Jimmy, Watson, Hiram, Lottie, Commodore, Ulysses, Fawn, Offie, Jefferson, Rena, tous ont une histoire, une particularité. Leur destin semble tout tracé malgré le dévouement de Cora pour les rassembler, les défendre.....Quel joli personnage que cette dernière ! Lumineuse, perspicace, dotée d'une faculté illimitée à accueillir, soigner, protéger. elle est le point d'ancrage vers lequel Sam revient toujours. Entre eux, le lien affectif/amoureux est très fort, les mots ne sont même pas nécessaires, il y a des silences étourdissants, des regards pénétrants, une connivence évidente...  Mais peu à peu le fossé se creuse, Sam bascule dans un monde qu'elle ne peut pas intégrer.

Comment ne pas s'arrêter sue la plume de l'auteur, c'est pour moi l'atout majeur du roman. Le contraste entre la noirceur du monde environnant et la narration à la première personne pleine de poésie d'un enfant qui reçoit la violence crue est remarquable.  Il raconte son histoire, son amour pour Cora, les morts des hommes, des femmes et des plus petits sans pathos aucun, mais les images employées, la simplicité toute nue donnent une force d'évocation parfois particulièrement émouvante.

Toute cette histoire s'ancre dans une réalité historique et géographique : description d'un Denver gangréné par le vice, celui des laissés-pour-compte du rêve américain, de la misère crasse, évocation de la lutte des ouvriers, dialogues réalistes. 
Le regard est pessimiste  et même résigné mais la relation complexe entre Sam et Goodnight, la solidarité entre les rejetés de la société  et surtout l'amour entre Sam et Cora illuminent le roman, lui rendent sa part d'humanité ! Magnifique ! 

Un grand merci au  Picabo River Book Club. et à Léa  sans oublier Myriam 
ainsi qu'aux Editions Gallmeister pour cette très belle lecture ! 

Mon appréciation : 📚📚📚📚

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