Blog de chroniques de lectures variées et diverses :
Littérature - Polars/Thrillers - SFFF - Romances - BD....

dimanche 31 janvier 2021

40 éléphants - tome 3 : Dorothy, la poinçonneuse







Dessins : Virginie Augustin
Scénario : Kid Toussaint
Editions : Grand Angle





Après avoir vaincu leurs rivaux, les 40 éléphants doivent se refaire. Et elles ne connaissent qu’un seul moyen : le crime. Le quartier d’Elephant&Castle redevient un véritable coupe-gorge pour qui s’y aventure. Pour la police, il faut trouver une solution rapide et radicale, d’autant plus qu’une succession de meurtres de religieuses met en émoi la presse et l’opinion publique. La réponse de la police au gang féminin de South London : une escouade entièrement féminine, elle-aussi.
Paru le 6 février 2019


Mon avis :

Une fin de série particulièrement réussie, mon préféré des trois tomes, à la fois plein de surprises et de rebondissements mais aussi d'émotions...

Les 40 voleurs sont désormais une affaire classée et les éléphants tiennent désormais la rue et tente de regagner le pactole abandonné dans le tome 2. La délinquance  prolifère au grand dam de l'inspecteur Sacks. Florrie a choisi de rester parmi le gang féminin et exerce ses talents de pickpocket.
Mais des meurtres de religieuses viennent gripper les rouages de la petite vie bien organisée du quartier.  La police met sur pied un bataillon de femmes chargées de mettre de l'ordre et d'arrêter le ou la meurtrière.  Quant aux éléphants, elles soupçonnent une des leurs et décident elles aussi de régler le problème. Une vraie chasse au meurtrier s'organise dans les rues. S'en suivent quelques passages cocasses entre les deux factions féminines. Mais malgré les efforts des deux groupes, les religieuses continuent à mourir, il faudra de l'astuce et une part de chance pour parvenir à démasquer le coupable.

Les personnages sont récurrents : on retrouve Florrie, Maggie, Ada.... Le douce Dorothy tient cette fois un rôle central. On la découvre légèrement dérangée, un peu naïve, en décalage constant,  elle est capable du pire comme du meilleur et les flash back en noir et blanc sur son enfance amènent une part d'émotion au récit et lui donne une dimension supplémentaire.

Comme pour les autres volumes, les dessins sont toujours aussi agréables, expressifs et en parfaite adéquation avec l'histoire. 
Un récit très vivant, un suspense maintenu, les péripéties sont nombreuses et les surprises particulièrement bien amenées jusqu'à la toute dernière page qui prend le lecteur de court.... Quelle fin ! une vraie  réussite! 

Une bien jolie série qui tient toutes ses promesses !


Mon appréciation : 📚📚📚📚



samedi 30 janvier 2021

Friday Black


 



Auteur : Nana Kwame Adjei-Brenyah
Editions : Albin Michel
Collection : Terres d'Amérique





Avec ce premier livre incroyablement inventif, Nana Kwame Adjei-Brenyah s'est imposé aux États-Unis comme une nouvelle voix explosive dans la lignée de Colson Whitehead et Marlon James. Entremêlant dystopie, satire et fantastique, et ses nouvelles donnent à voir avec une effarante lucidité la violence et la déshumanisation de notre monde. 
Qu'il mette en scène le procès d'un Blanc accusé du meurtre effroyable de cinq enfants noirs (et qui sera acquitté), le parcours d'un jeune qui tente de faire diminuer son « degré de noirceur » pour décrocher un emploi, le quotidien d'un vendeur de centre commercial confronté à des clients devenus zombies, ou celui des employés d'un parc d'attractions faisant du racisme ordinaire une source de divertissement, Adjei-Brenyah le fait avec une maîtrise et une maturité stupéfi antes. On renferme ce livre hébété : si la fiction peut contribuer à bousculer les mentalités, alors Friday Black est une puissante arme littéraire.
Paru le 6 janvier 2021

Mon avis :

Je tiens à remercier tout particulièrement le  Picabo River Book Club.  Léa  ainsi que les  Editions Albin Michel pour cette belle découverte.

Si au départ je ne suis pas friande de nouvelles, j'aime quand l'histoire et les personnages sont bien développés, là j'avoue que j'ai été conquise.

Le mot qui me vient en premier : saisissant ! 

En douze nouvelles, l'auteur stigmatise les maux de la société américaine actuelle et en la projetant dans un futur proche teinté de fantastique, il en grossit les aspects les plus sordides pour en donner la pleine mesure. Racisme, société de consommation, élitisme, inégalité judiciaire, violence, dérive du progrès... 
Chaque nouvelle propose un élément, une possibilité qui frappe l'imagination, qui alerte.  Avec beaucoup d'intelligence et d'inventivité, l'auteur offre une vision particulièrement sombre d'un possible avenir, il interroge l'identité noire et son devenir.
En choisissant la narration à la première personne, il donne la parole à ses personnages tous pétris d'émotions diverses. C'est d'une profonde humanité !

12 nouvelles, 12 histoires parfaitement abouties qui chacune témoigne d'une grande maîtrise du format.
Un auteur à suivre !

Mon appréciation : 📚📚📚📚



jeudi 28 janvier 2021

Cent ans de Laurelfield

 





Auteur : Rebecca Makkai
Editions : Les Escales





1999 : Bienvenue à Laurelfield, vaste demeure du Midwest et partez à la rencontre de ses propriétaires ancestraux, les Devohr. Il y a Zee, une marxiste qui méprise la richesse de ses parents, tout en vivant dans leur maison avec son mari Doug ; sa mère Grace, qui prétend pouvoir tout savoir d'une personne en regardant ses dents ; et son beau-père Bruce, occupé à faire des réserves pour l'arrivée imminente de l'an 2000. Et puis il y a Violet, son arrière-grand-mère, qui se serait suicidée quelque part dans cette grande maison et dont le portrait est toujours accroché dans la salle à manger.
1955 : Grace et son mari violent George emménagent à Laurelfield. Rapidement, elle remarque des détails étranges qu'elle considère comme des présages d'événements à venir. Sa vie commence alors à changer...
1929 : Laurelfield est une colonie d'artistes hétéroclite et bohèmes où se retrouve la fine fleur de la création artistique de l'époque. Le petit groupe passe son temps entre poursuites artistiques et débauche sous les yeux du portrait de Violet Devhor, qui hanterait les lieux.
Paru le 14 janvier 2021

Mon avis :

Un livre original dans sa construction et pour le choix de son personnage principal, à savoir Laurelfield, un domaine du Midwest appartenant à la famille Devohr depuis des années. Au début du siècle, des artistes y ont séjourné et depuis la famille a repris possession du domaine qui bruisse de secrets....

L'auteur a créé une véritable unité de lieu,  tout se passe dans le domaine, on arpente maison, remise, grenier, tous les espaces sont investis au fil du temps, parce que si unité de lieu il y a, il en est tout autre pour le temps que l'on explore à rebours sur trois moments forts :

1999 : Zee et Doug sont venus s'installer dans la remise à voiture chez la mère de Zee, Grace remariée à Bruce. 
Zee très ambitieuse rêve de voir son mari décrocher un poste à l'université et sera prête à tout pour cela.
Doug a, quant à lui, beaucoup de mal à poursuivre son livre sur le poète Edwin Parfitt et il se perd dans des activités littéraires bien moins prestigieuses en cachette afin de gagner un peu d'argent. 
Lorsque le fils de Bruce vient à son tour s'installer dans la remise avec sa femme Miriam, une artiste que la maison inspire très vite, les deux couples doivent apprendre à cohabiter dans les parties communes et ce n'est pas toujours chose facile...
Cette première partie, la plus conséquente en nombre de pages, développe une atmosphère bien particulière entre la présence fantomatique de l'arrière grand-mère suicidée entre ces murs qui semble tout surveiller sur un grand portrait au regard insaisissable et la menace de cataclysme de l'an 2000 qui plane... Il y a un tas de mystères et d'interrogations qui sont soulevés sur le passé artistique du domaine, sur des trésors à découvrir dans un grenier dont l'accès est farouchement défendu par Grace.

1955 : Grace revient au domaine avec son mari Georges, alcoolique, violent, volage... 
Toute la colonie d'artistes a du partir sur décision de son père pour y loger cette fille mal mariée. Sa vie de couple y est difficile et le grenier sera son refuge.

1929 : La colonie d'artistes en là en résidence, s'adonne à la création mais aussi à divers excès et ne veut surtout pas être délogée, tous les moyens sont mis en œuvre pour infléchir la décision du propriétaire en visite avec sa fille Grace. 

Trois parties de plus en plus courtes en retournant dans le passé, comme un focus sur l'essentiel...

C'est une histoire tout en suggestions qui dévoilent peu à peu des secrets de famille cachés dans et sur les murs de Laurelfield, dans son grenier, son jardin, ses tiroirs mais sans plus d'explication, laissant le lecteur interpréter, comprendre, faire des liens. Faux semblants mensonges quiproquo... mais pas que, il y a aussi des détails insignifiants au présent qui prennent sens au passé et donnent envie de revenir feuilleter les premières pages à nouveau. 
De plus la maison semble se jouer de ses habitants, inspirant certains, rejetant d'autres, elle reste centrale et immuable, infléchissant les destins de ses divers occupants.

Réflexions sur le couple, sur l'ambition, sur l'identité, sur la sexualité, sur l'accomplissement de l'artiste, sur le réel et l'imaginaire, sur le pouvoir des évocations, c'est un livre d'une grande richesse remarquablement construit dont chaque détail est pensé, placé au cordeau pour laisser le lecteur relever, comprendre ou interpréter.

Une belle découverte que je dois à Babelio et aux éditions Les Escales

 
Mon appréciation :  📚📚📚


mardi 26 janvier 2021

Quelques battements de cœur

 



Auteur : Emily Elgar
Editions : Belfond
Collection : Le cercle - Belfond




La petite ville d'Ashford, en Cornouailles, est sous le choc : qui a pu assassiner Meg Nichols, mère célibataire et courageuse aimée de tous ? Pire encore, quel monstre a pu kidnapper Grace, sa fille lourdement handicapée, sans même emporter les médicaments qui maintiennent l'adolescente en vie ?
Alors que tout le village cherche la jeune fille, que la police se lance à la poursuite du père, réputé violent, Jon Katrin, journaliste local, s'interroge : quelque chose ne colle pas dans l'histoire de cette famille, mais quoi ? Aidé de Cara, l'amie d'enfance de Grace, Jon va peu à peu découvrir les drames, les mensonges et les inavouables secrets de cette mère et de sa fille, que chacun pensait exemplaires.
Car, à bien y regarder, qui connaissait vraiment les Nichols?
Paru le 5 novembre 2020

Mon avis :

Merci aux Editions Belfond et plus particulièrement à Carine pour l'envoi de ce roman. 
Je ne connaissais pas du tout l'auteur mais la superbe couverture ainsi que l'énigmatique titre et le résumé m'ont donné terriblement envie de le découvrir.

Asford petite ville tranquille de Cornouailles, Megan s'occupe avec beaucoup de dévouement de sa fille Grace, handicapée clouée sur un fauteuil roulant et de santé fragile. Leurs voisines et amies Susan et Cara sont présentent depuis longtemps dans leur vie, même si Cara en jeune fille active s'éloigne de plus en plus.

Jon est journaliste, sa vie privée est chaotique. Son petit garçon sort tout juste d'un cancer et son couple, ébranlé par l'épreuve et au bord de la rupture, tente de recoller les morceaux. Sa vie professionnelle a connu aussi de graves déboires lorsqu'il s'est attiré les foudres de tout Asford en écrivant quelques temps auparavant, un article défendant Simon le père de Grace, considéré comme violent et dangereux.

Lorsque Meg est sauvagement assassinée et que Grace reste introuvable, c'est tout naturellement que l'inspecteur chargée de l'enquête soupçonne le père insaisissable. Mais Jon et Cara troublés par un faisceau d'indices et de détails ne sont pas convaincus de sa culpabilité et décide de s'allier pour mener leurs propres investigations. Une enquête haletante, pleine de dangers, de surprises et de rebondissements jusqu'à la toute fin où l'impensable vérité est révélée ! 

Un roman terriblement efficace dont la force première est sa galerie de personnages qui prennent tour à tour la parole, racontent leur quotidien, leurs ressentis, leur point de vue. Le lecteur est constamment laissé dans un flou savamment orchestré : qui ment, qui n'est pas ce qu'il parait ? Les apparences peuvent être trompeuses et tous les faux semblants finissent par voler en éclats. 

Une révélation inconcevable pour tout un chacun et pourtant basée sur un fait divers.... effarant ! 


Mon appréciation : 📚📚📚

dimanche 24 janvier 2021

40 éléphants - tome 2 : Maggie, passe-muraille

 



Dessins : Virginie Augustin, 
Scénario : Kid Toussaint
Editions : Grand Angle







La tension est à son comble entre les 40 Voleurs et les 40 Éléphants, les gangs du sud de Londres. Chez les Éléphants, désormais menés par Alice, on craint qu’un des membres ne soit une taupe. Florrie voit alors sa position se fragiliser, alors que l’inspecteur Sacks lui met la pression pour faire tomber le groupe mafieux. Alors que la jeune Maggie semble faire cavalier seul durant ses cambriolages, Iris, la «fausse » médium, adopte une attitude neutre dans la guerre qui oppose les deux clans. Pourtant, pour les 40 Éléphants, ce qui se joue n’est rien de moins que la survie de leur « famille ».
Paru le 2 mai 2018

Mon avis :

Florrie dont on a appris le véritable rôle à la fin du tome 1 se voit contrainte de poursuivre sa collaboration avec l'inspecteur Sacks afin de démanteler le gang des 40 voleurs. Ces derniers tentent de regagner du territoire au détriment des 40 éléphants qui ne comptent pas se laisser faire....Et lorsque Alice qui a repris la tête de l'organisation après l'arrestation de Kate, est assassinée par Stocker sur le bord d'une route, c'est une véritable guerre qui se joue entre les deux bandes rivales : incendie, meurtres, vols, trahisons, tous les coups sont permis !

Une suite tout à fait à la hauteur du premier tome, avec encore de beaux portraits de femmes : Maggie la petite passe-muraille dont l'action sera prépondérante, Iris la "médium", Ada .... toutes s'engagent dans le combat. Quant à Florrie, son histoire personnelle avance avec de nouvelles révélations douloureuses...  

Le scénario vivant avec actions et rebondissements crée une ambiance sombre et violente, il est parfaitement servi par des dessins qui reconstituent le Londres des années 20 grâce à ses décors, costumes et coiffures sans oublier la jolie trouvaille des pages intertitres qui renforce l'effet rétro de l'album.

Le tome 3 n'attendra pas longtemps sur mes étagères !


Mon appréciation : 📚📚📚

vendredi 15 janvier 2021

La gestapo Sadorski







Auteur : Romain Slocombe
Editions : Robert Laffont
Collection : La Bête Noire





Le pire des salauds, le meilleur des enquêteurs.

Paris, octobre 1943. Un important dignitaire nazi, le colonel SS Julius Ritter, a été assassiné en sortant de chez lui, près du Trocadéro. La Gestapo est sur les dents. Elle convoque l'inspecteur principal adjoint Sadorski pour lui confier la direction d'une petite unité de policiers français gestapistes chargée de traquer les " terroristes " juifs FTP-MOI. Sadorski caresse l'espoir de gagner de l'avancement en effectuant un brillant coup de filet.
Joignant l'utile à l'agréable, il cache dans son appartement la jeune Juive Julie Odwak, qu'il a mise enceinte. La situation est des plus scabreuses : sa femme Yvette, qui ignore la véritable identité du père, doit simuler pour elle-même une grossesse afin d'éviter la curiosité des voisins lorsque l'enfant naîtra...
Les choses ne se passeront pas exactement comme Sadorski l'avait prévu. Ce sera bien pire.
Paru le 1 octobre 2020

Mon avis :

Quel plaisir de retrouver la plume de Romain Slocombe et l'intelligence avec laquelle il nous plonge dans le quotidien d'une sombre période. Il nous offre un aperçu précis et réaliste d'un Paris sous le joug allemand : arrestations, interrogatoires, délation, peur, ... Tous les aspects de la collaboration française avec les allemands sont exposés avec une minutie d'historien.
 
Dans cette atmosphère délétère, Sadorski continue ses sordides malversations qui ne servent que ses propres intérêts. 
Entre antisémitisme et perversité, il manipule sans vergogne tout son entourage pour en tirer profit, trompe sa femme allègrement et lui laisse veiller sur sa maîtresse sans qu'elle s'en doute, dénonce et arrête les juifs mais cache et engrosse la jeune Julie. Il n'hésite pas à jeter son dévolu sur Jacqueline, la sœur de Bernard Perret qu'il a abattu lui-même. Pour ce faire, il s'arroge le rôle d'un résistant, jouant avec l'enthousiasme naïf de la jeunesse. C'est glauque, violent, immoral, et l'on suit toutes ses manœuvres de l'intérieur. 

Et lorsque qu'on lui propose de prendre la tête d'un groupe de policiers français pour prendre au piège les terroristes qui ont pris pour cibles des hauts gradés allemands, il va y voir une occasion de se distinguer.  Il s'attaque à une résistance bien organisée et fait preuve une fois de plus de sa grande compétence. Mais il a pris l'habitude de louvoyer et son sentiment d'impunité lui fera commettre de graves erreurs... 

Et la fin !....Quelle fin haletante,  tellement inattendue et particulièrement réussie !  

Je reste admirative de la maîtrise avec laquelle Romain Slocombe dénonce les opportunistes qui en temps de guerre révèlent une immoralité débridée. Quoi de plus frappant et réaliste que de suivre pas à pas l'inspecteur Sadorski, une façon particulièrement judicieuse de prendre toute la mesure des événements de ce passé pas si lointain et de la turpitude humaine.

Une superbe lecture passionnante, documentée, entre témoignage et fiction dont chaque ligne rappelle qu'il ne faut rien oublier...

Un grand merci à Robert Laffont et La collection  La Bête Noire 

Mon appréciation : 📚📚📚📚 +++

mardi 12 janvier 2021

On achève bien les chevaux






Auteur : Horace McCoy
Editions : Folio





"Gloria et moi avions été prévenus par des vieux routiers que la seule façon de tenir le coup jusqu'au bout dans un marathon de danse, c'était d'utiliser au mieux ces pauses de dix minutes grâce à une méthode précise : apprendre à manger son sandwich tout en se rasant et en se faisant soigner les pieds, apprendre à lire les journaux en dansant, apprendre à dormir sur l'épaule de son ou de sa partenaire ; mais tout cela, c'étaient des trucs de métier qui demandaient de l'entraînement."
Paru le 19 octobre 1999

Mon avis :

Cela fait bien longtemps que je voulais lire ce court roman dont j'ai tant entendu parler et je l'ai dévoré en une petite matinée.... impossible de le lâcher !

Ce qui frappe en premier lieu c'est sa construction très atypique : la narration s'articule entre la lecture d'un verdict au assises en incipit de chaque chapitre, et l'histoire qui se réécrit au fil des pages. 
Robert est à la fois l'accusé qui reçoit sa sentence mais aussi le narrateur de sa propre histoire. Cette double perspective donne une tension et un relief tout particuliers à l'œuvre.

Son errance , sa rencontre avec Gloria et leur inscription dans cet incroyable marathon de danse racontent deux histoires imbriquées qui viennent s'échouer sur un rêve américain défaillant.
Dans ces années 30, en pleine crise, une offre de 1000 $ ça ne se refuse pas. Des conditions inhumaines où l'on va au bout de soi-même, des organisateurs prêts à tout pour assurer le spectacle, des sponsors sans état d'âme, le public assoiffé de sensationnel.... c'est d'une remarquable lucidité, d'un réalisme et d'une effrayante actualité !

Un roman court, incisif, d'une humanité folle et dont la dernière phrase résonne longtemps après avoir fermé le livre ! 

Mon appréciation : 📚📚📚📚

dimanche 10 janvier 2021

Ama Le souffle des femmes

 







Scénario : Franck Manguin
Dessin : Cécile Becq
Editions : Sarbacane






Japon, fin des années 1960. Nagisa, jeune citadine tokyoïte aux manières policées et pudiques, débarque avec son paquetage sur Hegura, petite île de pêcheurs reculée. Là, elle est adoptée par Isoé, la cheffe de la communauté des « Ama » qui gouverne l'île. Les Ama, ces « femmes de la mer » brutes, fortes et sauvages qui plongent en apnée, nues, pour pêcher des coquillages...
Paru le 27 mai 2020



Mon avis :

Une superbe BD qui s'articule en 4 temps pour raconter l'histoire de Nagisa et à travers elle, celle des "Ama", ces femmes japonaises au métier si particulier.

Eté 1962, Nagisa arrive chez sa tante Isoé et son mari Goro. Sa venue n'est pas simple, il faut digérer un événement personnel douloureux et passer outre des rancœurs entre sœurs....
La jeune femme timide et pudique découvre la vie intrépide de ces femmes plongeuses en apnée, pêcheuses d'ormeaux qui vivent nues. Emancipées, aventureuses, fortes, admirées, elles sont bien loin de tout ce que Nagisa avait connu jusqu'alors. Elle intègre très vite leur rang, surmonte ses appréhensions, ses réserves et apprend les différentes techniques du métier.

Automne 1966, hiver 1968, printemps 2003, le vie de Nagisa s'égrène en parallèle de celle des "Ama",  son regard, son histoire intime devient le témoignage d'une tradition ancestrale qui semble vouée irrémédiablement à disparaître peu à peu avec l'arrivée du "progrès". 
Quelle jolie façon de raconter de l'intérieur ces femmes libres et farouches, entre découverte, apprentissage et obligations  ! 
Farouchement attachée à son statut de célibataire, Nagisa devra faire ses propres choix...

Les très beaux dessins tout en nuances de bleu, gris, blanc, beige, noir servent admirablement cette superbe histoire.  C'est à la fois rude mais plein de poésie, drôle, émouvant, on y découvre tout un monde insoupçonné, ses codes et sa difficulté à perdurer. Les personnages sont vivants et expressifs et les couleurs donnent un ton un brin nostalgique, comme un film sépia teinté océan.

Une très jolie découverte et je remercie vivement Babelio et les éditions Sarbacane 
pour l'envoi de cet album très réussi tant dans la forme que le fond.

Mon appréciation : 📚📚📚📚

La Saga des Jalna – tome 2 : Matins à Jalna








Auteur
: Mazo De La Roche
Editions : Le livre de Poche






En seize romans, la vie de la famille Whiteoak à travers quatre générations, depuis le mariage du capitaine Philippe Whiteoak et d'Adeline Court au milieu du XIXe siècle jusqu'au centenaire de leur bien-aimé domaine de Jalna. Un best-seller mondial depuis les années 1930.
Paru le 1 janvier 1971


Mon avis :

Un vrai plaisir de replonger une fois encore dans cette grande saga qui me rappelle mon adolescence et ce tome 2 a été tout aussi savoureux que le premier et même un peu plus.

Jalna, Adeline et Philip sont maintenant bien installés dans leur domaine. La famille s'est agrandie, ils sont désormais les parents de quatre enfants : la sage Augusta, l'intrépide Nicolas, Ernest un brin insolent et le petit Philip.

Aux Etats-Unis, la guerre civile fait rage. Cette guerre semble lointaine mais les Whiteoak reçoivent la visite de Lucy et Curtis Sinclair, un couple sudiste fuyant le conflit, accompagnés de leurs esclaves, au grand dam de leurs voisins. Le jeune couple brave l'opinion et maintient son hospitalité. Cependant, la cohabitation s'éternise et n'est pas des plus simples : conflits entre esclaves et serviteurs, incompatibilité d'humeur entre la fougueuse Adeline et l'apathique Lucy, activité illicite de Curtis.... 

La fratrie débordante de vitalité profite de tout ce remue ménage pour n'en faire qu'à sa tête et fomenter des plans pour échapper à la pension programmée dans la lointaine Angleterre... De nombreux passages lui sont consacrés, mettant en lumière leurs différents caractères, leurs relations tumultueuses faites de complicité et de querelles, les premiers émois amoureux de Gussie,  la singulière instruction du précepteur.. 

Mais malgré tous ces tracas et toutes ces péripéties, Jalna reste un havre de paix que les turbulences extérieures ne peuvent détruire.

 Un livre qui aborde avec légèreté des questions de société et se pose parfois en témoin des mentalités de l'époque.

J'ai hâte de poursuivre cette saga que je savoure avec bonheur !

Mon appréciation📚📚📚📚






vendredi 8 janvier 2021

Janvier noir









Auteur : Alan Parks
Editions : Rivages
Traduction : Olivier Deparis





Premier opus d’une série mettant en scène l’inspecteur McCoy et son adjoint Wattie dans le Glasgow des années 1970, sur fond de musique, drogues et gangs, dans la lignée de William McIlvanney. Quand une jeune femme est abattue par un garçon de 18 ans en pleine rue à Glasgow non loin de la gare routière, l’inspecteur Harry McCoy y voit autre chose qu’un acte de violence isolé. Son enquête le met sur la piste d’un réseau de drogue et surtout l’amène à croiser la route de Teddy Dunlop, fils dégénéré d’une riche famille de Glasgow, qui fait la pluie et le beau temps dans la ville.
Paru le 5 février 2020

Mon avis :

Une jolie surprise que ce polar sur lequel je suis tombée un peu par hasard, attirée par un titre tellement actuel !

Glasgow, années 70, l'inspecteur McCoy est prévenu par un homme incarcéré en prison qu'une jeune femme, une certaine Lorna, va être prochainement abattue, il ne peut se résoudre à ignorer l'information et cherche à trouver la cible. Mais malgré ses efforts, le meurtre a bien lieu, la victime est abattue et l'assassin retourne aussitôt l'arme contre lui : deux morts et une enquête épineuse à mener.

Leurs investigations entraînent McCoy et son jeune acolyte Wattie dans un Glascow sombre et désespéré.. L'inspecteur borderline y est comme un poisson dans l'eau à l'inverse de son tout nouvel adjoint frais émoulu de l'école de police et fort de quelques mois d'expériences bureaucratiques.... 
Drogue, prostitution, violence, meurtres, l'atmosphère glauque des bas-fonds de Glascow est saisissante. Très vite, le nom de Teddy Dunlop, fils intouchable d'un notable de la ville, se détache.. Tout devra être tenter pour le coincer et ce n'est pas une mince affaire.
 
Le duo McCoy et Wattie est plutôt classique et pourtant il fonctionne particulièrement bien. Entre le bleu coincé et policé et le vieux briscard  toujours sur le fil du rasoir (pas si vieux d'ailleurs, la petite trentaine, mais une vieille âme qui a déjà tant vécu !) les relations vont peu à peu évoluer. Le premier va se révéler plus solide qu'il n'y parait et un respect mutuel s'instaure peu à peu. 
Le charismatique et ambigu McCoy laisse entrevoir toutes les failles de son passé, s'adonne à la boisson, s'autorise quelques substances illicites et doit naviguer entre loi et relations intimes douteuses, les mains liées par des enjeux politiques...

Une enquête bien ficelée, des quartiers miteux abandonnés aux gangs et aux mafieux et surtout des personnages cabossés donnent tout son relief à ce polar efficace et mené d'une main de maître.

Une série à suivre assurément ! 


Mon appréciation : 📚📚📚📚