Auteur : Tochi Onyebuchi
Editions : Albin Michel
Collection : Albin Michel Imaginaire
Traduction : Anne-Sylvie Homassel
Ella a un don.
Quand elle regarde un enfant, et avant que son nez ne se mette à saigner, elle sait s'il va devenir infirmier en gériatrie où s'il va mourir avant l'âge de onze ans, étendu sur un trottoir, les yeux vers le ciel, fauché par l'incompréhensible guerre des gangs qui ensanglante son quartier depuis toujours.
Pirus, Crips, Bloods...la violence a tant de noms à Compton.
Quand Kevin, son frère, voit le jour en 1992, pendant les émeutes provoquées par l'acquittement des policiers impliqués dans l'affaire Rodney King, Ella sait déjà que sa famille va déménager de la Californie pour Harlem et qu'elle tiendra bientôt dans sa main sa première boule de neige. Mais quitter l'endroit d'où l'on vient ne permet pas toujours d'échapper à la violence et à l'injustice.
Ella a un don ; pour elle, pour Kevin, pour l'Amérique, sans doute le temps est-il venu de l'utiliser.
Paru le 30 mars 2022
Mon avis :
Un texte fort dont on ne sort pas indemne.
Dans une Amérique ultraviolente où le traumatisme du 11 septembre reste bien présent, la jeune Ella découvre qu'elle a des pouvoirs, des visions mais aussi d'autres facultés qu'il lui faudra apprendre à contrôler.
Elle vit avec sa mère et son petit frère d'abord à Compton en Californie puis à Harlem. Kev est né un soir d'émeutes comme si sa naissance était marquée du sceau de la brutalité.. Tout au long de sa vie il semble impossible qu'il échappe à la violence, celle des gangs, celle de la police, celle du racisme ordinaire. En grandissant, il se rendra coupable à son tour d'exactions : braquage, emprisonnement... Vient le temps de la violence carcérale mais Ella reste à ses côtés moralement, physiquement pour le soutenir et bien plus encore...
Elle vit avec sa mère et son petit frère d'abord à Compton en Californie puis à Harlem. Kev est né un soir d'émeutes comme si sa naissance était marquée du sceau de la brutalité.. Tout au long de sa vie il semble impossible qu'il échappe à la violence, celle des gangs, celle de la police, celle du racisme ordinaire. En grandissant, il se rendra coupable à son tour d'exactions : braquage, emprisonnement... Vient le temps de la violence carcérale mais Ella reste à ses côtés moralement, physiquement pour le soutenir et bien plus encore...
Le texte est assez exigeant de par sa construction en Kaléidoscope : des ellipses de temps, des retours en arrière, une multitude de fragments de vie qui se recombinent pour expliquer la peur, l'injustice, les blessures et la rage. Le style est percutant avec beaucoup de phrases nominales pour pointer l'essentiel, pour faire un focus sur un détail. C'est fort, c'est plein de fureur, c'est troublant, l'auteur dénonce sans complaisance ce qu'est d'être noir en Amérique et la fin qu'il suggère est explosive.
On trouve deux articles pertinents sur le thème en fin de roman pour aller plus loin et prolonger la réflexion.
Je suis ressortie un peu sonnée de cette lecture à la fois captivante et difficile.
Sur mon échelle : 📚📚📚
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