Auteur : Nathalie Bernard
Editions : Thierry Magnier
Jonas vient d'avoir 16 ans, ce qui signifie qu'il n'a plus que deux mois à tenir avant de retrouver sa liberté. Deux mois, soixante jours, mille quatre cent quarante heures. D'ici là, surtout, ne pas craquer. Continuer à être exactement ce qu'ils lui demandent d'être. Un simple numéro, obéissant, productif et discipliné. En un mot, leur faire croire qu'ils sont parvenus à accomplir leur mission : tuer l'Indien dans l'enfant qu'il était en arrivant dans ce lieu de malheur, six années plus tôt. A travers ce destin, Nathalie Bernard nous parle de ces pensionnats autochtones qui ont existé au Québec jusque dans les années 1990 et qui ont "accueilli" des milliers d'enfants brutalement arrachés à leur culture indienne. Entre roman historique et thriller, l'auteur nous entraîne dans une course effrénée au cœur des immenses forêts québécoises. Une chasse à l'homme qui ne possède que deux issues : la liberté ou la mort.
Paru le 29 août 2018
Mon avis :
Lorsque j'ai vu ce titre dans la liste des livres proposés par Babelio lors de sa masse critique, j'ai tout de suite su que ce roman me plairait, que je devais le sélectionner. Le résumé, le thème, la couverture, tout me tentait et j'ai eu la grande chance de le remporter !
J'ai tout aimé dans cette lecture, c'est certes de la jeunesse, mais c'est à la fois beau et palpitant !
Construit comme un compte à rebours chapitre après chapitre, Jonas nous livre son histoire, une histoire cruelle de la jeunesse d'un peuple arrachée à sa culture, enfermée dans des établissements où la maltraitance et la cruauté sont légions. Il faut extirper chaque atome de la civilisation amérindienne dans les enfants confiés à l'institution.
Jonas n'a plus que deux mois à tenir, deux mois à rester dans le rang, à ne pas trahir tout ce qui bouillonne en lui. Il est témoin de nombre de tortures psychiques et physiques et tente de survivre avec pour objectif la date où il pourra enfin se retrouver lui-même. Le récit à la première personne nous expose ses sentiments profonds, ses émotions, ses espoirs, ses révoltes intimes.... Et ses souvenirs l'aident à tenir, à rester intègre.
Quelques personnages particulièrement attachants gravitent autour de lui : la pétillante Lucie, le surprenant Gabriel, l'énigmatique Samson...
Nathalie Bernard, en s'appuyant sur nombre de témoignages comme l'indique la bibliographie en fin d'ouvrage, nous raconte une histoire ancrée dans la réalité d'un passé pas si lointain, c'est terriblement déroutant de se dire que de tels pensionnats existaient encore il y a seulement 30 ans.... déroutant et révoltant...
Son récit se scinde en deux parties bien distinctes, il y a Dedans : le temps du pensionnat où déjà la tension emporte le lecteur avec le sentiment du danger permanent accentué par ce compte à rebours qui s'égraine page après page. Puis il y a Dehors : à j-45 vient le temps hors des murs de l'institution, palpitant, effréné où le danger prend un tout autre visage, où Jonas doit aller chercher dans ses racines la force pour survivre et se battre, symbole d'une certaine victoire d'un peuple dont on ne peut anéantir l'essence... Impossible de poser son livre tant le rythme en est haletant.
Roman jeunesse, historique, d'aventure, à la fois beau, émouvant et captivant, c'est une bien belle découverte et je compte lire très vite d'autres romans de l'auteur, je me suis d'ailleurs déjà procuré "Sept jours pour survivre".
Une grand merci à Babelio et aux Editions Thierry Magnier pour cette très belle lecture !
Mon appréciation : 📚📚📚📚
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