Auteur : Michael Christie
Edition : Albin Michel
Collection : Terres d'Amérique
Traduction : Sarah Gurcel
« Le temps ne va pas dans une direction donnée. Il s'accumule, c'est tout - dans le corps, dans le monde -, comme le bois. Couche après couche. Claire, puis sombre. Chacune reposant sur la précédente, impossible sans celle d'avant. Chaque triomphe, chaque désastre inscrit pour toujours dans sa structure. »
D'un futur proche aux années 1930, Michael Christie bâtit, à la manière d'un architecte, la généalogie d'une famille au destin assombri par les secrets et intimement lié à celui des forêts.
20382038. Les vagues épidémiques du Grand Dépérissement ont décimé tous les arbres et transformé la planète en désert de poussière. L'un des derniers refuges est une île boisée au large de la Colombie-Britannique, qui accueille des touristes fortunés venus admirer l'ultime forêt primaire. Jacinda y travaille comme de guide, sans véritable espoir d'un avenir meilleur. Jusqu'au jour où un ami lui apprend qu'elle serait la descendante de Harris Greenwood, un magnat du bois à la réputation sulfureuse. Commence alors un récit foisonnant et protéiforme dont les ramifications insoupçonnées font écho aux événements, aux drames et aux bouleversements qui ont façonné notre monde. Que nous restera-t-il lorsque le dernier arbre aura été abattu ?
Fresque familiale, roman social et écologique, ce livre aussi impressionnant qu'original fait de son auteur l'un des écrivains canadiens les plus talentueux de sa génération.
Paru le 18 août 2021
Mon avis :
Un magnifique roman qui m'a tenue jusqu'au bout de la nuit... Profond, émouvant, intelligent, remarquablement construit, un coup de cœur ♥
On suit la ligne du temps qui traverse en diagonale l'histoire concentrique d'une famille intimement liée aux arbres, des dates qui se font échos de part et d'autre du cœur, le nœud du récit, le début de la lignée, une construction intelligente, originale et maitrisée qui suscite l'intérêt et ménage surprises et révélations.
La famille Greenwood est une famille de choix avant tout, le sang y a bien peu d'importance, l'auteur nous en raconte quatre générations. Il y a tellement d'histoires intimes dans cette grande épopée familiale, des histoires émouvantes, étonnantes, passionnantes, des personnages denses, plein d'aspérités mais profondément attachants.
Le récit s'articule en 5 temps ( 2038, la cathédrale arboricole de Greenwood, Jake Greenwood - 2008 Liam Greenwood - 1974 Willow Greenwood - 1934 Everett Greenwood - 1908 Harris et Everett) et décrit des relations complexes faites d'abnégation, de sacrifices, de conflits, de rancœur, de révoltes, d'entraide, de trahisons, de haine et surtout d'amour souvent silencieux ....
Autour gravitent des personnages annexes essentiels, complexes qui participent aux événements et suffisamment saisissants pour marquer les esprits : l'inoubliable Feeney ♥, le complexe Lomax, l'énigmatique Mrs Craig, la généreuse Temple..
Etroitement imbriqués dans cette histoire foisonnante, il y a les arbres, la forêt, intimement liés au destin de chacun. Tantôt guide ou exploitant forestier, producteur de sirop d'érable, menuisier, militant écologique, les arbres sont un lien entre eux au delà du lien familial.
Le récit traverse l'Histoire : la grande dépression, l'industrialisation, le réveil écologique des années 70, la catastrophe climatique et se présente en multi genres parfaitement emboités : tantôt dystopie, roman noir, polar et chasse à l'homme, histoire d'amour, enfance... Un roman passionnant de bout en bout !
Une réflexion sur la société, sur la famille s'accompagne d'une forte dimension écologique avec la description du monde poussiéreux, étouffant de 2038 après le grand dépérissement où les arbres se font rares. Il y a un dimension tragique mais une bouffée d'espoir subsiste...
Un roman tout simplement magnifique, superbement écrit (et traduit), d'une justesse dans les émotions, construit avec une maitrise remarquable. Une mention particulière à Everett, secret, plein de pudeur et tellement touchant.... un personnage inoubliable !
Je remercie Albin Michel et Terres d'Amérique pour cette formidable lecture !
(et le Picabo River Book Club)
(et le Picabo River Book Club)
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