Auteur : Paul Lynch
Editions : Albin Michel
Collection : Terres d'Amérique
Traduction : Marina Boraso
« Muets de saisissement, Hector et lui regardent le monde se recomposer dans une magnificence de couleurs. Comme s'ils étaient les premiers à contempler des ciels pareils. Chacun commence à entrevoir la vérité de l'autre, à deviner qu'ils sont tous les deux pareillement démunis au cœur de la vérité des choses. Et qu'au sein d'une telle immensité, ce qu'un homme porte en son cœur n'a plus guère de poids. »
Malgré l'annonce d'une tempête, Bolivar, un pêcheur sud-américain, convainc le jeune Hector de prendre la mer avec lui. Tous deux se retrouvent vite à la merci des éléments, prisonniers de l'immensité de l'océan Pacifique. Unis par cette terrifiante intimité forcée et sans issue, ils se heurtent aux limites de la foi et de l'espoir, à l'essence de la vie et de la mort, à leur propre conscience.
Paru le 18 août 2021
Mon avis :
Voilà bien longtemps que j'avais envie de découvrir Paul Lynch, collectionnant ses livres sans trouver le temps de les sortir et puis l'arrivée surprise de ce titre m'a donné l'occasion d'enfin le lire...
Et quel livre !
Un roman très court, 230 pages, un résumé qui pourrait tenir en deux phrases et pourtant il contient une puissance émotionnelle ...
Et quel livre !
Un roman très court, 230 pages, un résumé qui pourrait tenir en deux phrases et pourtant il contient une puissance émotionnelle ...
A quoi tient un destin ? Une dette auprès de gens peu recommandables et Bolivar prend la mer malgré un avis de tempête. Il doit rentrer de l'argent absolument. Mais son acolyte habituel n'est pas là, il persuade donc Hector, un adolescent sans expérience de l'accompagner. Très vite il est dépassé par les éléments déchaînés et par la défaillance de son bateau. Désormais sans moteur, les deux hommes perdus dans l'immensité de l'océan vont devoir survivre.
Il faut s'organiser, utiliser la moindre des occasions pour se nourrir, boire, faire preuve d'à propos et d'intelligence pratique. Mais la promiscuité forcée entre ces deux hommes qui ne se connaissent pas provoque des sentiments contradictoires. Le huis-clos devient peu à peu étouffant entre espoir et désespoir, entraide et fourberie, entre amour et haine. Cette dualité constante engendre une tension qui enfle au fil des pages jusqu'à devenir insupportable.
Face aux éléments, dans une solitude abyssale et un immobilisme éprouvant, les deux hommes se replient, se questionnent... une introspection douloureuse sur la vie, sur ses propres choix, sur la religion. L'ombre de la mort plane et parfois la réalité s'estompe laissant place aux rêves et aux délires... passages déstabilisants.
C'est cruel, c'est tragique et c'est porté par une plume saisissante, à la fois précise et onirique. Il y a des scènes épiques de combats contre l'océan et ses murs de vagues infranchissables, des scènes de connivence et d'espoir d'un réalisme poignant, des scènes troublantes à la limite de l'hallucination et de la démence, des scènes dramatiques à vous serrer le cœur ...
Cette lecture m'a amenée bien loin de ma zone de confort, m'a bousculée, m'a captivée, parfois perdue mais en refermant la dernière page j'avais le sentiment d'avoir lu un grand livre.
Un grand merci à Albin Michel pour cette lecture inattendue.
Sur mon échelle : 📚📚📚📚
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