Auteur : Robert Penn Warren
Editions : Séguier
Traduction : Michel Mohrt
Au début du XXe siècle, dans le sud des États-Unis, les petits producteurs de tabac doivent faire face à la domination des grandes compagnies qui les forcent à vendre leurs récoltes à des prix dérisoires. Le jeune avocat Percy Munn assiste, impuissant, à ce combat inégal qui précipite de nombreuses familles dans la misère et attise les flammes de la révolte. Tiraillé entre son attachement viscéral aux lois et sa soif de justice, Munn choisit finalement le camp des Cavaliers de la Nuit, une organisation secrète qui défend la cause des producteurs en détruisant des entrepôts et des champs, en faisant régner la peur et couler le sang. À leurs côtés, derrière un masque, Munn bascule dans la spirale de feu et de violence qui embrase le pays...
Véritable épopée, Le Cavalier de la Nuit est le premier roman de Robert Penn Warren (1905-1989), triple prix Pulitzer et auteur du classique Tous les hommes du roi. Traduit pour la première fois en 1951, introuvable depuis, ce monument de la littérature américaine est enfin réédité.
Paru le 10 février 2022
Mon avis :
Je fais partie de ceux qui n'ont pas lu "Tous les hommes du roi" et je remercie le Picabo River Book Club et les Editions Séguier pour la découverte de cet auteur.
Il y a deux axes que j'ai trouvés fort intéressants dans ce roman :
En premier lieu, le fait historique. Kentucky au début du XXe, les petits planteurs de tabac du Sud ont de plus en plus de mal à vivre décemment de leur travail face aux grandes compagnies qui s'entendaient pour racheter leurs productions au prix le plus bas. Pour tenter d'échapper à la faillite et à la misère, une association de défense voit le jour. On assiste à toute sa mise en place, son organisation, les premiers meetings, les tractations, la force de conviction, les trahisons politiques ou autres... et le lent et inexorable cheminement vers une escalade de violence assumée. Le roman condamne déjà les effets dévastateurs du capitalisme.
Je ne connaissais pas du tout ce pan d'Histoire américaine et l'auteur nous offre un précieux avant-propos fort instructif à ce sujet.
En second lieu, l'histoire intime de Percy Munn, avocat prometteur, jeune homme policé, un brin naïf et bienpensant. Devant la situation des petits producteurs, il est pris entre ses convictions et son devoir.
Si c'est plutôt en lui forçant la main que son adhésion est gagnée, peu à peu il s'engage dans ce combat en y mettant toutes ses forces. L'auteur nous décrit toutes les étapes de ce cheminement intérieur, depuis l'exaltation d'un premier discours, les effets euphorisants de la foule, le sentiment d'appartenir à un clan, la conviction du bon droit.
Au fil des pages, son caractère se forge, ses opinions se renforcent et pris dans un engrenage, il ira bien plus loin que prévu initialement. Sa vie privée sera profondément chamboulée.
C'est un beau portrait d'un homme face à lui-même avec beaucoup d'introspections.
Une idée populaire de justiciers masqués dévoyés dans un crescendo de violences, un personnage central en constante évolution, une plume très visuelle, des belles descriptions, des moments épiques haletants, mais aussi quelques longueurs où parfois le livre me tombait des mains... il n'en demeure pas moins que ce fut une belle lecture et que je compte bien lire d'autres romans de l'auteur.
Merci Léa !
Sur mon échelle : 📚📚📚
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