Auteur : Louise Mey
Editions : Editions du Masque
Catherine est pauvre. Catherine fait sale. Catherine parle peu. Elle n’aime pas qu’on la regarde – les filles qu’on regarde ont des problèmes. Au Domaine où elle travaille, elle fait partie de ces invisibles grâce à qui la ferme tourne.
Monsieur, lui, est riche. Il ne parle pas non plus – il crache ou il tonne. Et il possède tout.
Mais quand sa petite-fille de quatre ans disparaît ce jour glacé de février 1969, Monsieur perd quelque chose d’une valeur inestimable.
Dans cette vallée de champs de betterave, où chaque homme et chaque femme est employé de près ou de loin par Monsieur, deux flics parisiens débarquent alors pour mener l’enquête avec les gendarmes.
Car une demande de rançon tombe. Mais le village entier semble englué dans le silence et les non-dits. Personne ne veut d’ennuis avec Monsieur. À commencer par Catherine. Catherine qui se fait plus discrète et plus invisible encore. Catherine qui est la dernière à avoir vu la petite.
Paru le 11 janvier 2023
Mon avis :
Premier livre de Louise Mey que je lis et certainement pas le dernier...
Catherine est la petite bonne de la maison, insignifiante, quasi invisible, elle est celle que tout le monde commande, celle à qui on donne les tâches les plus ingrates parce que Madame l'a trouvée sale dès le premier abord. Catherine s'efforce de s'effacer le plus possible pour éviter les mains de Monsieur, les foudres de Madame, le mépris des autres domestiques.
Lorsque la petite fille de 4 ans de la famille qu'on lui avait confiée disparait, Catherine doit répondre aux deux policiers venus de Paris. Elle n'a quasi rien à raconter si ce n'est qu'elle a été chahutée par un ouvrier et quand elle a pu s'en dépêtrer, l'enfant n'était plus là.
L'enquête démarre avec bien peu d'indices. Dans une contrée assujettie à Monsieur, on ne parle pas, on ne veut pas d'ennui, Catherine se fait encore plus petite, plus éteinte, plus discrète, une ombre silencieuse qui passe dans les couloirs, dans les salles sans qu'on ne la remarque, elle écoute, elle entend....
L'enquête démarre avec bien peu d'indices. Dans une contrée assujettie à Monsieur, on ne parle pas, on ne veut pas d'ennui, Catherine se fait encore plus petite, plus éteinte, plus discrète, une ombre silencieuse qui passe dans les couloirs, dans les salles sans qu'on ne la remarque, elle écoute, elle entend....
La construction du roman est très intelligente.
En première partie, la narration est du point de vue de Catherine avec un style très dépouillé, des phrases minimalistes en corrélation avec le personnage qui tente de se réduire au minimum.
Lorsque les policiers prennent l'affaire en main, c'est l'enquête qui est mise en avant, et Catherine disparait pratiquement , petite silhouette à peine esquissée sur une page au détour d'un chapitre. Le style est plus fourni, détaillé entre les interrogatoires, les demandes de rançon, les positions de la famille, les dialogues prennent de l'ampleur..
Honnêtement, les soupçons arrivent très vite, pas de grande surprise, aucun sensationnalisme, c'est facile de comprendre qui est le coupable, mais là n'est pas l'intérêt du roman, c'est plutôt le pourquoi et le comment ainsi que toute la cascade de révélations passionnantes qui en découlent qui donnent son sel au récit.
Un excellent roman dont le propos est habilement amené, une dénonciation d'un monde où les différences sociales laissent la porte ouverte à tous les abus de pouvoir. Le statut de la femme est lui aussi pointé du doigt, c'est dur et révoltant.
Un livre prenant, un personnage très original auquel on s'attache au fil des pages et des découvertes, un enquête classique mais bien menée et surtout une fin réjouissante.
Sur mon échelle : 📚📚📚📚
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