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lundi 24 septembre 2018

L'étoile jaune de l'inspecteur Sadorski



Auteur : Romain Slocombe
Editions : Robert Laffont
Collection : La Bête Noire



Après le succès de L'Affaire Léon Sadorski, une nouvelle enquête du sinistre et fascinant inspecteur des Renseignements généraux.
Paris, 29 mai 1942 : une bombe explose devant le Palais de justice, dans un café fréquenté par les Brigades spéciales, faisant deux morts et plusieurs blessés. Quelques jours plus tard, le cadavre d'une inconnue est découvert en banlieue. Crime passionnel ou politique ?
Chargé d'enquêter sur ces deux affaires, l'inspecteur Léon Sadorski voit ses projets de vacances contrariés ̶ d'autant plus qu'il doit bientôt participer à la grande rafle du Vél d'Hiv, exigée par les nazis et confiée à la police française. Un destin tragique menace désormais sa jeune voisine Julie Odwak, la lycéenne juive qu'il convoite en secret et dont il a fait interner la mère.
Paru le 24 août 2017

Mon avis :
Quel plaisir de retrouver la plume de Romain Slocombe et de suivre à nouveau les enquêtes de l'odieux Sadorski...

Paris 1942, l'étoile jaune est devenue obligatoire et le sort des juifs est de plus en plus difficile, leur quotidien une fois encore est décrit avec réalisme : le regard des autres lorsqu'on est stigmatisé, la peur viscérale qui ne vous quitte plus.... Je n'avais jamais entendu parler des gestes de solidarité qui apparaissent alors, ces autres insignes fantaisistes exhibées pour marquer son désaccord, ces tentatives de protestations : passionnant ! 

Toujours aussi détestable, l'inspecteur continue ses petites bassesses quotidiennes, affiche ouvertement un antisémitisme crasse tout en fantasmant sur les belles juives qu'il côtoie - la petite Julie en tête,  fait du zèle pour coincer les défauts de port d'étoile, s'arrange avec les lois et la morale pour son propre intérêt et se voit confier deux enquêtes : découvrir les auteurs d'un attentat dans un café et l'assassinat d'une jeune femme dont il découvre lui-même le corps au cours d'une sortie avec sa femme. 
Ses investigations l'amènent vers les milieux résistants communistes. Tenace et perspicace, il tisse sa toile autour des suspects et ne laissera rien au hasard. Tous les coups sont permis : il bluffe, ment, menace et entraîne le lecteur dans une filature haletante... Du grand art ! 

Mais le point d'orgue du roman est assurément tout le passage  sur la rafle du Vél d'Hiv... On a tous entendu parler de cette sombre page d'Histoire, mais Romain Slocombe nous offre une plongée vertigineuse dans l'horreur.... En suivant Léon Sadorski on assiste aux heures précédentes où Paris bruisse sous les préparatifs, une ambiance sourde, tendue, angoissante. Les ordres arrivent avec la feuilles de route, on arrête hommes, femmes et ... enfants... tout le monde tique.... puis on laisse faire... après tout les ordres sont les ordres, on ne fait qu'obéir. Des problèmes sont soulevés -les conditions, les équipements-  et aussitôt balayés en un geste de la main...  
Puis c'est l'heure des arrestations terriblement éprouvantes.... la bonne conscience de certains, les zélés, et il y a les victimes, impuissantes, lucides pour certaines, celles qui ne plient pas et préfèrent sacrifier tout.. 
L'auteur a su magistralement dépeindre la façon dont la conscience titille Sadorski et comment la barbarie prend le dessus brutalement et si facilement... 

S'en suit la visite au Vél d'Hiv, l'atmosphère étouffante, les descriptions sordides, les odeurs pestilentielles.... Effroyable ! 
Le réalisme est saisissant et les images frappantes, c'est à la fois tellement révoltant et tellement poignant de revoir vivre ces hommes, ces femmes et ces enfants, les conditions de détention, comprendre le déroulé de ces heures, la responsabilité écrasante du gouvernement français de l'époque, ...
Je garde en tête  les larmes de Vilfeu qui ne s'en remettra certainement jamais.... les destins tragiques de Fejga Brukarz et ses enfants, de Chana Rosenwajn et son petit Paul, de tous ces anonymes victimes de la barbarie...

Un livre à lire, indispensable, pour prendre la réelle mesure de l'horreur, pour ne jamais oublier...
Merci Monsieur Slocombe ! 


Mon appréciation





Annexes : 
Le journal du matin du 1er juin 1942

quelques insignes fantaisistes en signe de protestation


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